Le test de iRacing que j’ai mené avec Soheil Ayari (voir à http://www.alain-lefebvre.com/archives/189) a été très bien reçu et a même été repris dans la dernière édition du magazine AutoSimSport (voir à http://www.autosimsport.net/index2/index.php) !
Cette fois, j’ai voulu mené un autre test d’un genre différent. Après avoir fait évaluer iRacing par Soheil afin d’avoir le niveau de crédibilité qu’on peut accorder au Simracing, j’ai voulu confronter les principales simulations du marché à un néophyte complet du domaine. J’avais sous la main le candidat idéal pour cela avec Nicolas Joubert-Bousson (l’auteur du blog « Cerveaux en marche » à http://cerveauxenmarche.blogspot.com/ un bon blog à découvrir…).
En effet, j’organise assez souvent des séances de tests de mon SimCom Motion pour des Simracers qui vivent prochent de chez moi : l’attrait d’essayer ce baquet est une puissante motivation pour quelques-uns mais il s’agit toujours de gens qui connaissent le Simracing et qui ont l’habitude de tourner avec ces simulations… Intéressant mais pas très significatif en terme d’enseignement.
Pour mon livre, j’ai besoin de retours d’expériences inédites et c’est pour cela que le test avec un néophyte était intéressant. Nicolas n’a jamais essayé de simulation mais c’est un authentique passionné de sport-auto, le bon profil quoi !
Mon idée principale était la suivante : si un néophyte veut débuter dans le Simracing, il doit d’abord choisir une simulation… Entre Life For Speed, Rfactor et Race07, quel serait ce choix si on pouvait les présenter et les faire essayer les unes après les autres ?
Voilà ce que je voulais tester avec Nicolas… Savoir vers quel choix son feeling et sa découverte allait le conduire. J’avais écarté iRacing de ma comparaison car je considérais que ce dernier était peu accessible (difficile à maitriser) et -largement- plus cher que les trois autres… Dans mon esprit, iRacing ne doit être abordé qu’après avoir accumulé un peu d’expérience dans une des simulations « de base »…
Nous verrons par la suite qu’il y a la théorie et que la pratique du terrain s’empresse de la démentir !
J’ai donc placé Nicolas dans le baquet du SimCom Motion et nous avons commencé par Rfactor avec le mod « European Challenge » basé sur la Ferrari 360 Modena Cup. Une voiture intéressante tout en étant facile à piloter. Pour que l’apprentissage du circuit ne soit pas un problème, j’ai choisi le petit circuit intérieur de Monza qui est très simple et donc rapide à assimiler.
J’ai d’abord fait quelques tours pour « montrer le chemin » à Nicolas et je lui ai cédé le volant ensuite. Première constatation, le circuit est toujours un problème, même quand le tracé est simple. La première compétence d’un SimRacer aguerri, c’est de savoir assimiler un tracé en peu de tours. C’est pas du tout évident pour les autres qui découvrent tout à la fois…
Bref, il fallu quelques boucles de ce tracé élémentaire pour que Nicolas commence à aligner des tours à peu près propre. Il s’avéra que Nicolas avait un assez bon coup de volant mais qu’il avait aussi le défaut habituel des débutants : il attaquait trop.
Freinant trop tard, accélèrant trop fort, il était continuellement à se battre avec la voiture. Parce qu’il n’était pas maladroit, il arrivait à la garder sur la piste mais perdait beaucoup de temps à glisser ainsi dans tous les sens.
A part cela, le feeling était bon avec la Modena sur Rfactor, nous pouvions passer à la seconde phase du test… Direction Race07 !
Nicolas, très concentré lors de ses premiers pas avec mon simulateur !
J’ai placé Nicolas sur la version « nationale » du circuit de Magny-Cours, toujours pour des questions de facilité d’apprentissage. Pour la voiture, j’ai sélectionné une Porsche 997 RSR (voiture qui n’est pas présente en standard dans le pack « GTR Evolution » qui est une extension de Race07 mais que j’ai pu récupéré en installé car la mod corrigeant cette lacune est largement disponible et très réussie… C’est même la voiture que je préfére de toutes celles disponibles dans cette simulation !).
J’effectuais un tour lancé pour établir un « temps de base » et Nicolas me relaya aussitôt. Là aussi, il lui fallu quelques boucles pour repérer les difficultés du circuit mais il s’adapta déjà plus rapidement qu’à Monza… Une certaine aisance commençait à apparaitre.
Au volant de la 997, Nicolas se montrait aussi moins brouillon qu’avec la Modena et se rapprocha rapidement à 2 secondes de mon temps de base… Pas mal du tout pour un débutant !
En revanche, Nicolas ne pouvait pas vraiment faire la différence entre Rfactor et Race07 en termes de sensations. Je lui expliquait que Race07 était plus fouillé sur le plan graphique mais il me répliqua qu’il n’arrivait pas à le percevoir, trop occupé à contrôler la voiture pour apprécier le décor…
Donc, après les deux premiers expériences de cette confrontation, Rfactor et Race07 étaient plus ou moins ex-aequo.
J’avais prévu de finir par Live For Speed car, lors de nos conversations préalables, Nicolas m’avait révélé qu’il aimait bien le pilotage sur terre. LFS est la seule des trois simulation à proposer le contexte « Rallycross » et donc, c’est bien par elle qu’il fallait finir cette confrontation…
Direction Blackwood version rallycross avec la GT à 4 roues motrices pour compléter la combinaison. Comme toujours, c’est moi qui fait les premiers pas pour que Nicolas puisse avoir un aperçu avant de prendre les choses en main. A me voir batailler avec le volant sur la piste mixte de Blackwood, Nicolas se disait que cela n’allait pas être facile… Il fut d’autant plus surpris de la facilité avec laquelle il parvint à contrôler les glissades de la RB4 GT sur la terre de la piste de Blackwood !
Pour que l’expérience soit complète, il demanda aussi à tester un circuit uniquement de bitume. Encore Blackwood mais en version normale et avec la monoplace Formula XR pour que la prise en main soit facile.
Quelques tours et Nicolas en eut assez : LFS était la plus décevante des trois en terme de sensations. Son choix devait donc se faire entre Rfactor et Race07.
Mais, au lieu de me demander de retester l’un et l’autre, il me demanda « et le truc que tu as fait essayer à Soheil, c’est lequel ? ». Je lui expliquait que je n’avais pas prévu iRacing dans cette confrontation car cette simulation était moins accessible que les trois autres (coût et difficulté). Devant son insistance, nous voilà en train de basculer sur iRacing…
Pour réduire les obstacles, j’ai commencé à le faire tourner sur l’ovale de Phoenix (pas de difficulté d’apprentissage du tracé ainsi) mais pour lui faire ressentir qu’iRacing était vraiment différente, j’ai sélectionné la monoplace Skip Barber pour ses premiers tours de roues… Il voulait s’essayer à iRacing ?
Il allait en avoir pour son argent !
Même à Phoenix, la Skip Barber doit être piloté, ce n’est certainement pas « à fond » tout le temps… Mais dès les premiers mètres, Nicolas remarqua que la gestion du retour de force du volant n’avait rien à voir avec les autres simulations… « ah, ça réagit au niveau du volant là au moins ! ».
Nicolas ne mit pas longtemps à aller plus vite que moi à Phoenix et nous avons donc enchainé sur quelque chose de plus corsé : toujours avec la Skip Barber, direction Watkins Glen sur la version « classic » (la plus simple) du tracé. Dans ces conditions, Nicolas se remonta les manches et transpira à grosses gouttes pour boucler ne serait-ce qu’un tour correct avec la petite monoplace super vivante…
Une fois la phase d’apprentissage dépassée, les temps commençait à tomber mais je constatait que Nicolas était encore trop généreux au volant. Je repris les commandes pour lui montrer que plus de sobriété dans l’ampleur des gestes permettait d’aller bien plus vite.
Nicolas apprenait vite et en demandait toujours plus… Pas d’hésitation, un éléve aussi doué peut sauter les échelons, passons à la Radical !
La barquette Radical est aux antipodes de la Skip Barber : beaucoup plus de puissance (la Skip est un peu anémique de ce côté là) et beaucoup plus d’adhérence grâce aux gros pneus et aux appuis généreux (là aussi, la Skip est plutôt radine sur ce plan !). Tout de suite, on se rend compte que ça va beaucoup-beaucoup plus vite qu’avec la Skip Barber…
Nicolas se débrouille tout de même vraiment pas mal mais on utilise les replays et les ralentis pour analyser ses fautes et les défauts de son pilotage : il ne rentrait pas assez sur les freins dans les virages et se retrouvait toujours trop éloigné du point de corde au moment de remettre les gaz.
Avec la Skip Barber sur iRacing, c’est tout de suite une tout autre affaire !
Enthousiasmé par cette découverte, Nicolas demande à être placé dans les mêmes conditions que Soheil Ayari lors de son test : avec la Radical sur le tracé de Silverstone GP… Mais là, sa méconnaissance du circuit le rejette loin de mon temps de base. Dès que le tracé est un peu compliqué, la connaissance du terrain redevient un facteur majeur de performance ou, au moins, de durée d’apprentissage.
La conclusion de cette confrontation est sans appel : iRacing a été très largement préférée par Nicolas. Pour lui, c’est sans hésitation la meilleure et plus attirante des simulations testées.
Bien évidemment, quelques tours en solo sont loin d’être suffisants pour avoir une idée complète de iRacing et de sa difficulté réelle. Même après cette intéressante expérience, je ne recommanderais pas de commencer par iRacing mais plutôt d’accumuler un peu d’expérience avec Rfactor et/ou Race07 avant de se lancer dans le grand bain proposé par iRacing.
L’autre enseignement de ce petit test c’est que l’ampleur des sensations procurées l’emportent sur la difficulté d’une simulation. Il est clair pour moi que SimBin et Image Space se doivent désormais de réagir en fonction du niveau atteint par iRacing…
Très bon reportage Alain (comme d’hab’)!
Super sympa et belle idée que ce test avec un neophite !
Et je ne suis pas si étonné que cela par la ressenti du « neophite » .
Ce reportage est parfait dans la description de cette soirée de test, et je sais de quoi je parle, puisque je suis le fameux néophyte 🙂
Tout d’abord je tiens à remercier Alain pour cette soirée de découverte SImRacing, j’aurais pu y passer le WE de pâques tellement on se prend vite au jeu, et ce sans même être dans le cadre de « course » avec des concurrents. Ce qui est impressionnant est de voir quelle tension une bonne « Simulation » peut nous mettre. Le réalisme est suffisant pour « s’y croire » (surtout avec le baquet qui remue !). Tout comme Alain l’a écrit, je n’ai pas trouvé de grandes différences entre les deux premières (RFactor et Race07) mais il est vrai qu’il doit falloir beaucoup plus de tours et essayer plus de circuits et de voitures pour vraiment se faire une idée. Et puis il aurait fallu que je sois plus détendu pour apprécier les détails des paysages 🙂 En tout cas à première vue, ces deux sims sont très proches l’une de l’autre et les sensations sont vraiment bonnes dans les deux.
Concernant LFS, pour moi il a clairement été un ton en dessous, plus proche dans mon point de vue d’un « jeu vidéo de course auto »… Il reste assez amusant, mais finalement les sensations sont ici assez limitées.
Iracing, sur ce que j’en ai vu ce jour là, était vraiment au dessus… J’avais vraiment la sensation de « piloter » et pas de jouer. On « sent » la voiture, ses réactions, la route, les forces qui s’exercent etc… Franchement impressionnant. J’ai été conquis !
Je dirais même que celle ci me pousserait vraiment à investir et à me lancer dans la Sim Racing !
Ceci dit, il aurait peut être fallu se replonger dans Rfactor ou Race07 pour comparer « à chaud », j’aurais peut être apprécié davantage ces deux là, puisque mon « stress » de début de soirée était passé.
Pour conclure je dirais que ce qui est incroyable c’est le peu de notoriété de ces Sims… Moi qui suis pourtant un féru d’informatique, de jeux en ligne, et de sport auto je ne savais pas avant d’avoir rencontré Alain qu’il existait de véritable course en ligne, des championnats etc et ce dans une ambiance très réaliste.
En tout cas, ça donne envie de se lancer et
vivement la sortie du livre !
« LFS, pour moi, est plus proche d’un “jeu vidéo de course auto”. »
Cette phrase discrédite complètement le test ,
Je signal au passage que c’est le seul des trois qui gére vraiment l’embrayage . 😉
ah Les testeurs néophyte …
@ Logan : faut être indulgent avec Nicolas, il se contente de faire part de ses sensations, pas plus… Il n’est pas catégorique avec une sentence du genre « LFS c’est de la merde ! », il se contente d’émettre SON avis, point.
D’autres aspects sont discutables : le choix de la Modena comme mod de base sur Rfactor est évidemment contestable, comme n’importe quel autre choix que j’aurais pu faire dans ces circonstances.
Mais comme je ne connaissais pas encore les capacités de Nicolas, je n’allais pas le mettre d’entrée de jeu face à GP79 au risque de le dégoûter avant même de pouvoir vraiment approfondir le test… De plus, notre temps était limité (comme toujours) et le but n’était pas de passer en revue les différentes mods (nombreuses, comme vous le savez) de Rfactor.
Ceci dit, c’est vrai qu’avec une autre mod, le résultat aurait pu être entièrement différent. C’est sans doute ce que je ferais lors de la prochaine visite de Nicolas (GP79, HGT, F1-55).
Il faut bien comprendre que ce type de comparatif est forcément sujette à caution : on n’est pas ici dans l’expérience scientifique hyper-rigoureuse où tous les paramétres sont connus, mesurés et maitrisés.
Bref, on est dans le flou et je ne prétend pas que les conclusions doivent être prise comme loi d’airain.
J’ai fait la meme chose que vous. Quelques tours de rFactor, GTR2 et LFS pour des neophytes complets.
Et bien c’est avec LFS en caterham sur les circuits de South City que j’ai eu les meilleurs retours.
C’est un autre monde que le terne Blackwood…et la LX4 est vraiment tres bien modelisee tout en restant intuitive a conduire.