Ce matin, je vais vous dévoiler mon mabition et ce qu’elle implique : je veux devenir un auteur professionnel. Cela veut dire que je veux écrire des livres, ne faire que cela et en vivre !
Bon, dit comme cela, ça apparait clairement comme une ambition élevée… Quel est le ratio entre ceux qui écrivent (quel que soit le support mais je préfére parler de livres) et ceux qui sont effectivement rénumérés ?
Une infime fraction, certainement.
Etre publié à toujours été difficile (ça l’est toujours aujourd’hui) mais il est encore plus difficile d’être diffusé, lu et payé en plus. D’autant plus que le monde de l’édition est en pleine crise : d’un côté, les gens lisent de moins en moins (les quotidiens sont en baisse et seuls les magazines merdiques connaissent un lectorat en hausse… et c’est encore bien pire pour les « vrais livres » -qu’ils soient sur papier ou non-, ça situe le malaise), d’un autre côté, l’offre explose, il n’y a jamais eu autant de nouveaux livres qui sortent sur les rayons (des librairies ou des sites).
Donc, cette double tendance fait qu’on se retrouve dans un marché très tendu : le risque pour les éditeurs est important sur chaque nouveau titre. On peut penser que les éditeurs ne prennent pas assez de risques mais c’est faux : ceux qui en prennent sont vite douchés au bout de 2 ou 3 flops… Une fois que vous avez « mangé votre chemise », vous n’en avez plus !
Et vous laissez les autres prendre des risques à leur tour…
Bref, la difficulté pour devenir un auteur pro reste toujours aussi grande même si je ne crois pas que ce soit la faute du « système ». Visez une position « marginale » présente forcément des difficultés. Ce qui est amusant, c’est que cette ambition de devenir un auteur pro présente bien des similitudes avec celle que j’avais étant enfant : devenir pilote de course (je raconte cela en détail dans « Racing« …).
En effet, l’apprenti pilote doit arriver à participer à quelques courses pour prouver qu’il a la capacité d’aller vite ET de rester sur la piste. Cette capacité (et la volonté de s’en servir), on appelle cela « le talent ». Mais le talent ne suffit pas, il faut aussi pouvoir le montrer, gagner quelques courses et se faire ainsi remarquer.
Une fois que vous avez été « remarqué », vous pouvez commencer à « faire partie du système », vous participez régulièrement à des compétitions mais cela ne fait pas encore de vous un pilote de course professionnel, loin s’en faut !
C’est qu’ils sont nombreux ces pilotes qui courrent pour rien (voire même qui payent pour cela) et ceux qui sont payés pour rouler sont vraiment rares : ils représentent la véritable élite de ce petit milieu.
Cette élite est un cercle difficile à atteindre et où il est délicat de se maintenir. J’ai pu mesurer tout cela dans mes expériences précédentes (toujours relatées dans « Racing« ) et je peux aujourd’hui encore le vivre par procuration à travers les évolutions de Soheil Ayari (qui a encore gagné dimanche dernier à Albi), un pilote de course pro que je connais depuis 2000.
(la suite dans un prochain billet… « faut faire plus court » qu’on m’a dit, c’est « plus facile à lire » qu’on m’a dit…).
Etre publié est plus facile aujourd’hui que ça ne l’était par le passé. Les coûts de fabrication d’un livre ont énormément baissé et on peut aujourd’hui imprimer quelques centaines de livres ce qui était impensable il y a quelques années. Cela induit une multiplication de l’offre et une baisse du tirage moyen. De ce fait, dans la chaine du livre, ce sont les auteurs qui gagnent de moin en moins leur vie car leur revenu est proportionnel aux ventes. La diffusion numérique va rendre la diffusion des livres électroniques encore plus facile. Tout le monde sera auteur et il y aura plus d’auteurs que de lecteurs … Car pendant qu’on écrit, on ne lit plus …
Pour compléter, RUE89 a publié un article sur les agents littéraires où il apparait qu’il n’y aurait que 150 auteurs professionnels (c’est-à-dire vivant de leurs oeuvres) en France… voir à http://www.rue89.com/2008/09/09/rentree-litteraire-lagent-le-joker-des-ecrivains
et de rajouter…private joke!
au lieu de faire ce billet tu aurais pu écrire le deuxième message…
nb: je suis d’accord avec Johannes
Bonne chance alain
J’espère avoir la possibilité un jour de vivre de mes (futurs) écrits
150 auteurs pros ? … en littérature, c’est bien possible, mais en BD il y a bien plus…
@ Johannes => combien d’auteurs pros en BD ?
C’est une données qui va intéresser mon fils Quentin…