Quand je dis aux gens que je suis écrivain, j’entends souvent : « ohlala, c’est formidable ! Mais comment faites-vous pour écrire ? » (en vérité, je n’entends pas ça souvent, c’est juste pour me rendre intéressant…). Tentons de répondre à cette intéressante question… Comment fait-on pour écrire ?
Je ne peux témoigner que de mon cas personnel mais, en fait, cela faisait longtemps que je voulais parler de cela : du processus de rédaction et de ses difficultés. Il ne s’agit pas ici de me plaindre (après tout, personne ne me force !) mais plutôt de partager une expérience que beaucoup aimeraient essayer.
Écrire est une activité qui n’est pas très spectaculaire et, du coup, on ne le fait pas devant un public. En fait, en passant dans mon bureau, mes proches ne savent jamais si je suis en train de rédiger tel ou tel chapitre de l’ouvrage en cours ou, plus simplement, de répondre à mes emails… Mais même si cette activité n’est pas spectaculaire, elle est par contre assez contraignante : je ne peux écrire que dans certaines conditions, pas toujours faciles à réunir : il me faut du calme (on s’en serait douté) et surtout beaucoup de temps devant moi… En effet, je met beaucoup de temps à me replonger dans un travail en cours après une interruption (sauf quand j’y travaille lors de plusieurs séances d’affilée… Ce qui m’arrive rarement finalement !) : entre 4 heures et 4 jours selon les cas !
Eh oui, il me faut parfois 4 jours de « travail » (sans avoir écrit la moindre ligne) pour arriver à m’y remettre de façon significative… Pas très productif, j’en conviens !
Encore que, il faut ici distinguer les ouvrages de fiction (genre « perdu dans le temps ») des autres. Quand je travaille à la rédaction de « Publier sur iPad et Kindle », ça n’est pas du tout la même difficulté que pour le tome II de « Perdu dans le temps ». J’ai pu boucler « Cette révolte qui ne viendra pas » en quelques semaines alors que ça fait maintenant presque deux ans que je suis sur la rédaction du tome II de « Perdu dans le temps »… Et si je reste sur le même rythme, il me faudra sans doute encore au moins un an de plus !
Clairement, les projets de fiction culminent toutes les difficultés : il faut inventer « l’univers » dans lequel l’action se déroule, définir les règles de « fonctionnement » de l’histoire et, tout le temps, vérifier qu’on est cohérent par rapport à ces deux éléments majeurs. Cette contrainte de cohérence est pour moi une vraie obsession et c’est pour cela que je passe une bonne partie de mon temps à me relire (ce qui n’empêche pas que je laisse passer nombre d’erreurs… Sans parler des fautes d’orthographes !). Mais, comme de toute façon j’ai besoin de me replonger dans le contexte pour arriver à redémarrer après une pause, ces relectures cycliques ne sont pas tout à fait du temps perdu.
Chaque auteur a son style et ses préférences. Pour commencer, je vais vous parler de ce que je n’aime pas lire chez les autres et, par conséquence, ce que je n’utilise jamais dans mes propres livres… Ainsi, j’ai horreur des longues descriptions et donc, j’évite d’en faire autant que possible. Ainsi, vous pouvez imaginer le physique qui vous plaît pour mes personnages car ce n’est pas moi qui vais vous en dire beaucoup à ce sujet !
Du coup, j’ai beaucoup recours aux dialogues. C’est à travers les échanges de mes personnages que je fais avancer mes histoires, ça me parait plus « juste » ainsi…
Ensuite, j’aime bien utiliser des éléments exacts dans mes ouvrages et c’est pourquoi je passe pas mal de temps à me documenter sur telle ou telle époque ou sur un événement historique précis.
Bien entendu, je rédige un scénario du chapitre à venir mais cela ne veut pas dire que je le respecte pour autant : j’ai souvent constaté qu’il valait mieux laisser l’inspiration « prendre le contrôle » plutôt que de vouloir coller à un plan précis qui risquait de finir en « voie sans issue »… C’est d’ailleurs le côté plus fascinant des récits de fiction : voir l’histoire s’écrire toute seule !
Du coup, je me considère comme le premier lecteur de mes histoires et il faut donc que mes multiples relectures ne soient pas entachées par un sentiment de type « bof… Est-ce que ça vaut vraiment le coup tout ça ? », signe certain que la production récente ne vaut pas d’être gardée (heureusement, ça ne m’arrive pas souvent).
Donc, pour finir, c’est lent, c’est chaotique, ce n’est ni ordonné ni méthodique et ça ne « coule » que de temps en temps… Mais je crois tout de même que ça en vaut la peine car, je l’avoue, j’aime mes histoires et j’ai envie de les terminer afin de pouvoir les partager le plus largement possible.