Je reproduis ici tel que je l’ai reçu l’éditorial de Jean-Pierre Camo (Directeur de Biocontact) paru dans le numéro de février 2009 du magazine « Biocontact » (mensuel distribué dans les magasins Biocoop). Après l’avoir lu, j’ai trouvé ce texte tellement juste que j’ai aussitôt contacté Jean-Pierre Camo pour lui demander l’autorisation de reproduire son texte intégralement… Le voici, à méditer !
le syndrome madoff
Vous avez sans doute entendu parler de ce financier new-yorkais qui se faisait passer pour un génie de la finance et qui a escroqué 50 milliards de dollars à ses clients trop crédules. Pensez donc ! Bernard Madoff arrivait à leur servir des rémunérations alléchantes (bien supérieures à celles du marché) sur l’argent qu’ils lui confiaient. Comment faisait-il ? Tout simplement en prenant l’argent de ses nouveaux clients pour payer les intérêts de ses clients plus anciens. Ce qui l’obligeait à trouver sans cesse de nouveaux pigeons pour payer les derniers arrivés… Sauf qu’à un certain moment, le système s’effondre : on ne peut en effet trouver à l’infini de nouveaux clients.
Cette folle et irresponsable course en avant ne rappelle-t-elle pas la marche de notre monde, appuyée sur le rêve illusoire de la croissance ? Tout le monde (ou presque) y croit : notre bonheur et notre prospérité en dépendraient ! Plus de consommation et plus de production résoudraient tous nos problèmes ! Sauf qu’on fait du Madoff sans le savoir : en « pompant » toutes nos ressources énergétiques (gaz, pétrole, bois, charbon), en épuisant nos ressources naturelles (eau, poissons, sols, forêts), en polluant notre environnement (mers, rivières et lacs, air), nous sommes littéralement en train de voler les générations futures. Que leur laisserons-nous ?
Quelques exemples édifiants.
Les OGM, basés sur la croyance que les plantes devraient s’adapter aux pesticides, cautionnent de ce fait une pratique agricole qui empoisonne la Terre et ses habitants.
Le nucléaire, malgré ses arguments « énergie propre », est générateur de déchets dont la radioactivité se diffusera des milliers d’années durant. Et ce n’est pas en les enfouissant sous terre ou au fond de la mer que le danger disparaîtra !
La pêche industrielle, avec ses chaluts géants qui raclent le fond de la mer, détruisant tout sur leur passage, nourrit certes l’humanité. Mais demain ?
Les pesticides se retrouvent dans l’alimentation (fruits et légumes, vins…) avec des effets dont on ne soupçonne même pas la dangerosité, surtout lorsqu’ils sont combinés.
Les abeilles : empoisonnées par les pesticides, elles ne polliniseront plus les plantes à fleur, brisant un maillon capital de la chaîne alimentaire.
Le CO2 émis par les transports, indicateur fidèle de la croissance, continuera longtemps encore à réchauffer notre planète, même à supposer que nous cessions d’en émettre aujourd’hui.
Mais, finalement, la plus grande menace sera probablement l’extinction de notre espèce par la baisse drastique de la fertilité masculine.
Un enfant de quatre ans peut comprendre qu’une croissance infinie dans un monde fini est impossible. Il ne peut y avoir de « durable » sans sobriété. Il ne s’agit plus d’adapter la croissance à des impératifs écologiques et planétaires (exemple des voitures écolos) mais de la remettre en question. Il faudra apprendre à « vivre mieux avec moins » et non « vivre moins mal avec plus » !
Madoff a surtout escroqué des milliardaires. Certes, cela ne les ruinera pas. (Bien que certaines banques, par l’odeur du profit alléchées, ont honteusement trempé dedans et joué avec l’épargne des petites gens). Mais cela n’est rien comparé au hold-up des tenants de la croissance sur les générations futures…
Les clients de Madoff ont perdu de l’argent. L’humanité risque bien plus… Madoff risque la prison. Nos dirigeants et nos décideurs ne risquent rien, tout simplement parce que peu de citoyens sont conscients de l’arnaque. A quand le sursaut des consciences ?
+1 (faut savoir être sobre et économiser son energie)
Et les gens s’extasient lorsqu’une femme met au monde 8 enfants d’un coup…Folie !!! En matière de nouveaux arrivants sur terre aussi il faudra se limiter pour nourrir correctement ceux qui viendront. Mais qui donne aux femmes les moyens de ça ? Là aussi, criminelle fuite en avant. On en laisse mourrir de faim une majorité pour sur-nourrir une minorité… Nous faisons partie de la seconde part.