Comme souvent, je suis allé retrouver Cyrus à Helice Motos pour encore essayer des modèles de la gamme du constructeur allemand. Après la mémorable Nine T ou le scooter C650, cette fois, je voulais vraiment tester l’un des modèles équipés du bicylindre Rotax.
Car je me suis toujours demandé pourquoi BMW avait ajouté ces machines à sa gamme, surtout avec un moteur étranger. Du coup, je voulais voir ce que ça donnait comparer à la récente série des MT de Yamaha ou les NC de Honda. Pour m’accompagner, Cyrus prit une grosse R1200RT en me disant « tu essayeras celle-là aussi, tu vas voir… ».
Et nous voici sur notre terrain de jeu habituel, celui de Cyrus plus exactement. Et, comme à chaque fois, j’ai du mal à le suivre. Du coup, ça m’oblige à tirer sur la F800R qui répond bien. Cette machine est très facile à prendre en main : la position de conduite est bonne bien meilleure que sur la MT07 !), elle freine bien et supporte sans broncher mes erreurs et corrections de trajectoires alors que je tente de garder Cyrus en ligne de mire !
Le moteur pousse bien aussi. Il est annoncé pour 90 ch mais, surtout, il pousse dès les bas régimes, j’aime ça !
En revanche, il ne semble pas trop apprécier d’aller haut dans les tours : dès qu’on passe 6000 tr/mn, il commence à vibrer. Manière de vous dire « hé, ça y est, je t’ai donné tout le couple que j’avais, passe la vitesse supérieure maintenant ! »… Bref, une « basique » intéressante, à la hauteur de la concurrence, mais pas une machine inoubliable non plus. Ces modèles sont là pour offrir une « entrée de gamme » à prix raisonnable. Manière d’inciter le motard débutant à entrer dans la marque…
Une fois ma curiosité assouvie sur ce point, j’avais hâte de prendre le guidon du « navire amiral » !
Souvent, j’ai interrogé des propriétaires de ce « bateau » afin de savoir si le poids de la machine n’était pas trop présent… Les réponses rassurantes sont une chose, pouvoir prendre le guidon et s’en rendre compte par soi-même, c’en est une autre… Une fois en selle, tout va bien à condition de pouvoir sortir de la place de parking où j’ai trouvé la moto : en effet, dans un creux, pas facile de manoeuvrer le monstre, surtout en reculant !
Heureusement, Cyrus est venu me tirer de cette situation en poussant la moto, tout simplement. C’est là où une marche arrière (oui !) serait la bienvenue en fait…
Une fois lancé, fini les doutes et les appréhensions : la R1200RT est un vrai vélo !
Oui, je sais qu’on lit cela trop souvent, mais, cette fois, c’est vraiment l’impression que cela fait : je comprends mieux Cyrus qui me disait « tu vas voir, c’est même plus facile qu’avec la F800R ! ». Donc, non, le poids du paquebot débordant de carénage et d’équipement ne se sent pas, vraiment pas et ça, c’est la première grosse surprise. La seconde, c’est que cette débauche d’équipement a du bon : j’ai adoré les poignées chauffantes (et la selle aussi !). L’ABS est bien là, mais il n’est pas trop intrusif. Et puis, cerise sur le gâteau, le pare-brise remonte assez haut (commande électrique au guidon), pas comme sur la FJR1300. Il n’est pas non plus affecté par des reflets gênants comme sur la Kawasaki 1400GTR.
Non seulement la R1200RT est très à l’aise dynamiquement (maniabilité, tenue de route, freinage), mais le moteur déborde de santé aussi. Et là, deux points à noter : tout d’abord, ma machine était équipée d’un « shifter » qui permet de monter (mais aussi de descendre !) les rapports sans débrayer et même sans couper les gaz !
Du coup, on ne perd rien quand on veut accélérer et ça m’a bien aidé pour rattraper la F800R à chaque sortie de virage. Et puis, pour une fois, le bruit est très sympa. Là encore, l’équipement fait la différence : ma machine était dotée d’un pot spécial qui ajoutait vraiment à l’ambiance, rien à voir avec le bruit de « bouillotte » qui m’avait tant déçu lors de mon essai de la R1200R (version dépouillée du flat-twin).
Objectivement, la R1200RT est une superbe machine, très réussie, très aboutie en fait. J’ai même poussé le vice jusqu’à la mettre sur la béquille centrale. Un test en apparence anodin mais qui en dit long sur l’équilibre atteint ou pas… Et là, 10 sur 10 !
Oui, on peut mettre ce paquebot sur la centrale sans effort ou presque. C’est un test que je vérifie souvent, car il en dit long sur comment les aspects pratiques ont été traités par le constructeur…
On sent les années d’expérience de BMW sur ce genre de moto. C’est que la saga des RT remonte à 1978 déjà avec la R100RT dotée d’un carénage intégral, comme la R100RS, mais plus grand tourisme avec un pare-brise plus haut, entre autres.
Depuis cette époque, cette machine n’a pas arrêté d’évoluer (alors qu’elle-même venait déjà d’une longue tradition). En 87, elle passe au monoamortisseur à l’arrière.
En 95, grosse évolution avec le passage au boxer à quatre soupapes par cylindre et refonte du carénage. C’est la R1100RT.
En 2001, petite augmentation de cylindrée avec la R1150RT et un carénage encore évolué.
La première version de la R1200RT apparait en 2005 avec un carénage complètement refondu (et pas très réussi sur le plan esthétique… ça s’est arrangé par la suite).
Les machines exceptionnelles se reconnaissent facilement : elles ne sont pas éphémères, elles creusent leur sillon et marquent le paysage du marché de la moto. Elles ne sont pas nombreuses à avoir réussi cela. La R1200RT en fait partie, je le sais maintenant.