Hier soir, je suis allé voir « Le Mans 66 » avec mon jeune fils de onze ans. Autant le dire tout de suite, je m’attendais au pire : du « porno de bagnoles » genre « Fast & Furious » façon vintage… Mais je dois dire que, heureusement, c’était mieux que cela.
En fait, ce film est bizarre. En un sens, c’est l’exact opposé du fameux « Le Mans » de Steve McQueen : il y a une histoire (assez bien raconté d’ailleurs) mais les scènes de pistes sont du grand n’importe quoi (alors que le film de 1972 était l’inverse : pas d’histoire mais des scènes de pistes absolument mémorables). L’histoire est centrée autour du duo représenté par Shelby et Ken Miles. Le constructeur (interprété par Matt Damon, excellent) et son pilote (interprété par Christian Bale, pas aussi bon cette fois que dans « The big short »). Mais il y a aussi une seconde histoire, encore plus intéressante, selon moi, qui tourne autour de la Fort Motor Company. Comment ce géant en difficulté a-t-il pu gravir cet Everest du sport-auto que représentait déjà les 24 Heures du Mans à cette époque ?
Voyons ensemble ce qu’on reprocher à cette nouvelle grosse production d’Hollywood : on l’a compris, ce n’est pas un documentaire déguisé et donc, inutile de chercher la vérité historique. Si vous êtes pointilleux sur le réalisme du sport-auto, ce film n’est pas pour vous, pas du tout. Les scènes de course sont tournées n’importe comment : les pilotes se regardent, freinent à peine et rétrogradent pour se passer, risible !
Ce qui est bizarre en revanche, c’est que certains détails sont ultra-soignés (on se dirait dans « The Crown » : pas une seule erreur dans la déco des voitures, toute l’ambiance est super bien rendue, jusqu’aux motos qu’on peut voir passer de temps à autre) et d’autres sont vraiment mal torchés (le tracé des pistes est reproduit par un designer saoul !).
En revanche, ce qui est correct, c’est tout le jeux de pouvoir au sein de Ford et même la négociation du début avec Ferrari (encore qu’il est difficile de savoir les détails exacts de comment ça s’est passé en vrai…). Mais pourquoi avoir planté Enzo Ferrari dans les tribunes du Mans alors qu’il est de notoriété publique que le commendatore ne se déplaçait jamais sur les courses ?
Bref, c’est un film correct sans plus, dans la bonne moyenne des productions Hollywoodienne on va dire. N’en espérez pas plus.
http://86400.fr/articles/286-le-mans-66-vu-par-hollywood-
Quelques erreurs de plus que je n’avais pas remarqué…
Il est quand même un peu choquant que le Lola GT MK VI 1963 créée par l’anglais Eric Broadley ne soit même pas évoquée dans le film, alors qu’elle a servi de base à la conception de la GT 40 MK I. Mais cela aurait retiré un peu de mérite à Caroll Shelby ! En outre, la MK IV visible à la fin du film n’est qu’une MK I repeinte aux couleurs de la MK IV victorieuse en 67.