Notre époque et notre société sont dominées par un élément qui domine tout, qui écrase tout : le narratif. Pourquoi utiliser ce terme inhabituel (le narratif) plutôt que la propagande, la pensée unique, la ligne du parti ou les mensonges du pouvoir et des médias ?
Parce que, justement, le “narratif” est devenu tout cela à la fois. C’est l’aboutissement monstrueux du « storytelling » et des “spin-doctors”. Désormais, on ne raisonne plus, on ne débat plus, on raconte une histoire sacralisée à laquelle on est sommé de croire sans discussion (le narratif, vous l’avez compris).
Les médias sont devenus le canal d’expression de ce narratif, ils le créent, le diffusent et le commentent sans cesse afin qu’il soit absorbé et assimilé par une population de plus en plus soumise et de plus en plus apathique.
La réflexion, l’analyse, la critique factuelle, la contradiction argumentée et sereine n’existent plus. Tout s’efface, tout plie, tous se conforment devant le narratif qui devient la seule vérité acceptable, la seule parole qui puisse être admise sinon gare !
Le narratif domine nos vies puisque c’est lui détermine ce qui est et ce qui n’est pas. Car tout ce qui est en dehors de ce que nous explique le narratif, est réputé être non existant. Donc, si tu revendiques une position non existante, tu es forcément fou, tu es forcément malade, tu as forcément un problème ou même, tu es forcément un danger pour la société.
Celui-là doit donc être combattu, moqué, ridiculisé, marginalisé et finalement ostracisé une bonne fois pour toutes. De nos jours, la peine de mort physique n’existe plus dans nos contrées, on l’a remplacé par une peine bien plus efficace : l’effacement. Si vous osez vous opposer au narratif, vous serez écarté, empêché, éliminé, effacé… on est pas loin du “vaporisé” de 1984 d’Orwell finalement.
Je vais donner un exemple du narratif pour bien me faire comprendre. Depuis un an et demi, nos vies ont changé avec la crise sanitaire. Et là, avec cette crise, on peut mesurer l’importance prise par le narratif. Et on a déjà connu plusieurs phases différentes du narratif pendant cette crise. Il y a eu “rester chez vous (nous sommes en guerre)” puis “portez un masque” et “les vaccins sont la solution, vaccinez-vous”. Cette dernière phase a été renforcée par “ ceux qui refusent la vaccination sont la cause de notre retard à la vie normale, pointez-les du doigt !”…
Mais le narratif, s’il est puissant, n’est pas très stable. Il doit être renouvelé périodiquement. Il ne peut pas rester statique trop longtemps. Sinon, en s’habituant, les gens se mettent à y croire un peu moins, c’est gênant… Alors le message change, subtilement, progressivement. Vous voulez encore un exemple ?
Facile, en ce moment, le narratif a une nouvelle mission : vous focalisez sur l’élection présidentielle. Tout d’un coup, il n’y a plus que cela qui compte, comme si la désignation du prochain président (avec de bonnes chances que ce soit toujours le même, hélas) allait nous sauver… Alors, on entend le message changer, comme si quelqu’un tournant le bouton, changeait de fréquence et modulait l’émission… Oui, le prochain président peut vous sauver, passionnez-vous sur cela, point.
Mais nous sauver de quoi ?
Pas du narratif en tout cas, lui est là pour rester, immuable et changeant tout à la fois, il domine nos vies et les réduits à une fiction improbable ou la raison est absente. Triste époque.
Tu exprimés exactement ce que je pense
Oui, tu as parfaitement raison.
Un autre exemple de Narratif : « L’UE c’est bien », alors que tout démontre exactement le contraire !