La démarche d’un auteur est bien plus difficile qu’il n’y parait de prime abord… Celui (ou celle) qui porte sa création et la met à la disposition des lecteurs s’expose ensuite à une double déception :
1- le livre n’a pas d’écho, il ne rencontre pas son public… En clair, il n’est pas lu. C’est dur à vivre parce que, naïvement, on s’imagine toujours que nos « oeuvres » vont se diffuser, naturellement. Or, ça ne vient pas tout seul, il faut beaucoup travailler sur l’aspect promotion et ça, ce n’est pas toujours du goût (et/ou de la compétence) des auteurs (qui veulent seulement passer du temps à écrire, c’est déjà bien assez prenant comme cela !)…
2- le livre se diffuse (un bon point !) mais, horreur, l’auteur s’aperçoit qu’il (ou elle) n’est pas compris. En effet, on écrit pas seulement pour distraire, raconter une histoire ou poser un témoignage, non. On écrit pour exprimer quelque chose de profond en soi, quelque chose de sacré, quelque chose d’important. Et si le livre devient seulement un objet « lu de travers », c’est aussi amer que s’il passait inaperçu….
Bien entendu, tout le monde est prêt à vivre la situation N°2 plutôt que la N°1 (très commune) car c’est un peu le riche qui se pleure de payer des impôts : personne ne va le plaindre (surtout en France !). Et pourtant, je gage que la situation N°2 est encore plus pénible que la situation N°1 et pour une raison simple : le créateur, l’auteur est un « modeleur » de mondes, il assemble de toutes pièces un univers particulier et le présente ensuite. Cet effort de création n’a pas vocation à être dilué dans une compréhension vague : je ne créé pas des univers pour qu’on s’y promène le nez en l’air !
C’est pour cela qu’être incompris est sans doute encore plus douloureux que n’être pas lu…