Cela fait déjà cinq saisons que « Drive to Survive » nous offre une récapitulation de ce qui s’est passé lors de la saison de F1 précédente juste avant que la nouvelle saison ne débute…
Lors de la première saison (il y a cinq ans, donc), « Drive to Survive » a été un événement !
Le succès a été immédiat et, disons-le, mérité. Cette nouvelle série avait eu le génie d’offrir une vision de la F1 prenante et même captivante : bien mieux à regarder qu’à suivre la « vraie » saison qui offrait son habituel cortège de courses insipides. La série opta pour un angle original et intéressant : choisir quelques écuries et faire vivre la course de l’intérieur grâce à des gros plans sur le muret des stands ou à bord des voitures elles-mêmes.
L’arrivée de « Drive to Survive » a été vécue comme une divine surprise positive aussi bien pour Netflix que pour la F1.
L’impact de cette première saison a été tel que les grosses écuries comme Ferrari ou Mercedes décidèrent de participer à la saison 2 (parmi les « big guns », seule Red Bull avait accepté de participer à la saison 1). Tous les observateurs du monde du sport-auto se sont aperçus de l’effet promotionnel indéniable de cette série auprès du grand public, contribuant à faire connaitre la F1 sous un jour très favorable.
Très vite, il y eu un effet d’entrainement : certaines des autres disciplines des sports mécaniques ont voulu avoir elles aussi, leur série dédiée. L’imitation est la forme la plus sincère de flatterie dit-on… Mais aucun des « copycats » n’a eu le même succès ou le même impact que « Drive to Survive ».
Dès la seconde saison, la série était auréolée d’un halo de succès mais les choses se sont vite gâtées, hélas. Au fil des années, même l’admirateur le plus béat de cette série Netflix ne pouvait s’empêcher d’être gêné par des dérives de plus en plus évidentes. C’est que « Drive to Survive » n’est pas une série documentaire au sens stricte du terme : c’est quasiment un contenu fictionel qui fait la part belle aux séquences « travaillées et embellies » : son moteur modifiés, commentaires radio ajoutés, polémiques mineures montées en épingle et ainsi de suite.
Avec la saison 5, on atteint désormais un sommet : « Drive to Survive » est devenue l’illustration emblématique de la prédiction de Guy Debord… Le vrai (les séquences des courses sur la piste) devient un moment du faux (toutes les séquences recrées afin de faire croire que les caméras de Netflix étaient omniprésentes en permanence). Car c’est un triste constat qu’on est obligé de faire : tous les commentaires sont douteux, toutes les séquences exclusives (comme les réunions au sein des écuries pour décider qui va avoir un volant la saison prochaine…) sont des recréations et l’ensemble du « show » n’est plus autant plaisant que lors de sa découverte (plus du tout en fait).
Il y a donc une usure qui est palpable et certaine. Mais ce n’est pas tout, même Netflix elle-même est victime de l’effet « Drive to Survive » qu’elle tente de décliner sur d’autres sports.
La série consacrée au golf professionnel (Full Swing) est un ratage monumental !
Franchement, si j’étais un amateur de golf (ce qui n’est pas le cas), je me sentirais insulté par cette daube…
Je pense qu’il y a là une tendance significative : « Full Swing » tente de séduire un public jeune et principalement américain… Donc, on lui donne à voir ce qu’on (Netflix) pense qu’il va apprécier et c’est simplement lamentable. Les séries documentaires (et pas seulement celles sur le sport) sont de plus en plus spectaculaires et de moins en moins profondes (la substance cède le pas à l’apparence), ce n’est pas un hasard, c’est un choix, c’est une tendance qui reflète l’état de notre monde actuel.