Quand on vous dit « le festival de woodstock« , tout de suite, vous pensez à un événement légendaire qui est resté au firmament des grands épisodes de l’Histoire de la musique moderne, non ?
Mais, en fait, cette légende dorée ne s’est formée qu’après, bien après. Sur le moment, cet événement a frôlé le désastre sur plusieurs plans : beaucoup plus de monde que prévu donc des embouteillages monstrueux, des coulées de boue à cause de la pluie, quelques accidents mortels et un bilan financier (pour les organisateurs) calamiteux…
Pourtant, ce ne sont pas ces aspects qui ressortent aujourd’hui. Aucun des éléments négatifs ne sont mis en avant, seuls restent les aspects positifs qui ont transformé ce « happening » en la légende absolue…
Donc, ça pose un problème tout simple : quelle est la nature de la réalité ?
En effet, si ce qui nous reste de Woodstock est tellement différent de ce qui s’y est effectivement passé (j’allais écrire « réellement »…), qu’est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui est faux ?
Si tout le monde pense que Woodstock a été un événement génial, 100% parfait, comment argumenter qu’il n’en est rien ?
Eh bien, c’est justement l’argument central de la société du spectacle : ce qui s’est passé ne compte pas, seul compte ce qu’on en relate. Peu importe que le vrai festival ait été un quasi-flop qui a frôlé le désastre à plusieurs reprises, c’est la légende qui s’impose en son lieu et place. C’est comme pour Jésus. Peu importe que le Jésus historique n’ait jamais existé puisque tout ce qu’on a dit et écrit sur lui donne une consistance incontestable au personnage (qui, par ce biais, ne peut PLUS être considéré comme un personnage fictif même s’il s’agit d’une construction d’un bout à l’autre).
Woodstock n’est qu’une illustration de la société de l’illusion (qu’est-ce que le spectacle, dans son essence première, que la mise en scène d’une illusion ?) dans laquelle nous vivons tous. Cette illusion compte plus, pèse plus que tous les éléments matériels qui la compose et c’est nous qui créons cela.
Comparer Woodstock et Jésus me semble etre un très mauvais exemple. Pour ce dernier il s’agit de faits objectifs (le personnage de Jésus a-t-il existé, et si oui ressemblait-il a sa description moderne?)
Que Woodstock ait été un succès ou un échec est par contre fortement subjectif. Je te renverrais vers ton précédent article sur le livre “Sapiens”. Tout comme la valeur d’une monnaie, Woodstock en tant que concert historique est une histoire qui devient vraie parce que les gens y croient. Qu’importe les embouteillages ou le fait que les organisateurs y aient laissés leur chemise. Je ne suis pas certain que beaucoup de participants aient regretté de s’etre rendu à Woodstock. Ni que les organisateurs aient regretté d’organiser ce concert.
Comme le disait l’ancien PDG de Rolls Royce: le prix s’oublie, la qualité reste.
Tout est dit dans ton commentaire lui-même « Woodstock en tant que concert historique est une histoire qui devient vraie parce que les gens y croient. »
Cela illustre parfaitement mon propos.
Oui et non. Le titre parle de « réalité ». Or il est difficile de parler de réalité pour un sujet si subjectif comme Woodstock.
C’est là une partie du problème : la réalité est difficile à encapsuler.