Plutôt que de réagir aux événements récents et dramatiques avec des commentaires sans intérêts, j’ai pensé qu’il valait mieux en profiter pour remettre en perspective ce qui vient de se passer, dans une perspective historique même…
Ce qui nous permet d’évoquer le rôle, l’importance et l’intérêt de l’Histoire avec un grand H. Une discipline mal comprise et trop souvent décriée alors qu’elle est (ou devrait être) à la base de notre compréhension des civilisations, les actuelles comme celles du passé (ainsi que celles du futur si on fait un petit effort).
Je vous propose donc l’enregistrement d’une conférence que j’ai réalisé pour mes fils et que j’ai diffusé (en mode privé, seulement pour eux) via l’application Periscope. Pourquoi avoir utilisé ça plutôt que Youtube qui propose aussi des diffusions en direct ?
Eh bien, Periscope permet de commenter en direct et l’orateur peut voir les commentaires et y réagir en temps réel.
J’avais prévu quelques slides, mais, finalement, je ne les ai pas vraiment suivis… Je vous les propose tout de même à toutes fins utiles.
L’Histoire avec un grand H, valeur & utilité from Alain Lefebvre
De fait, tous les pays se basent sur l’histoire pour trouver une justification morale pour leurs actions. A noter que l' »histoire » a été utilisée pour créer artificiellement la notion de pays, alors que la plupart des pays se sont formés dans la violence (les rois n’ont jamais rassemblé leur royaume démocratiquement). Par contre, je ne sais pas si la loi du plus fort était mieux acceptée il y a quelques siècles où si son rejet par l’opinion publique est récent.
Donc oui, l’histoire est avant tout un outil de propagande, mais ce n’est pas toujours le seul. L’Argentine a utilisé la géologie pour montrer que les Malouines lui appartenait vraiment. L’art est de même utilisé comme outil de propagande. Je pense aux films d’Eisenstein (le cuirassé Potemkine et Ivan le Terrible, s’inspirant également de l’histoire), ou aux artistes de la Renaissance – cette dernière n’était pas 100% clean (c’est le temps de l’inquisition, ne l’oublions pas) et le moyen age nettement moins obscur qu’on ne le dit. Mais l’art sponsorisé par l’église a réussi à faire croire à un renouveau.
Pour ce qui est de la guerre de secession, voilà ce que j’ai appris dans un cours de droit constitutionnel américain (bien évidemment, le professeur a certainement ses biais). Avant l’adoption de la Constitution, les constitutionalistes ont été très clairs qu’une fois avoir rejoint l’Union il n’y avait pas de marche arrière. Il apparait donc que sortir de l’Union est anti-constitutionnel. Le clash qui a conduit à la guerre de secession n’était pas sur l’esclavage des états du sud mais sur l’esclavage dans les nouveaux territoires. Et le Sud a pêché par arrogance, se croyant invincible: l’industrie du cotton était vue comme toute-puissante, et personne n’osait s’élever contre l’esclavage. Les présidents américains jusque là étaient soit pro-esclavage, soit évitaient le sujet. En 1851, le sénateur Charles Sumner s’est fait violemment agressé par un membre du congrès de la Caroline du Sud pour avoir prêché contre l’esclavage. Il s’est presque fait fracasser la tête et a failli y passer. Son agresseur n’a été nullement inquiété et réélu sans problème.
Dans ce contexte, Lincoln a été le premier président qui a osé être ouvertement contre l’esclavage – inacceptable pour le Sud, d’autant plus qu’il a été élu de justesse avec *aucune* voie au sud de la Virginie. Mais attention, il ne prêchait pas une abolition – il pensait à un plan qui ferait disparaître l’esclavage d’ici à 100 ans! Et c’est là où le Sud a commis une erreur. Ils auraient pu facilement torpiller n’importe quel loi visant l’esclavage. Au contraire, ils ont préféré la secession avant même que Lincoln soit inauguré.
Tout à fait exact !
J’aime beaucoup l’exemple des Maloines où nous avons eu une guerre (en 1982) qui se basait entièrement sur l’histoire récente pour justifier les revendications de part et d’autre (voir à https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_des_Malouines).