Le troisième tournant – Comment l’informatique professionnelle a évolué depuis ses débuts jusqu’à l’Internet et quels seront les développements inattendus qui vont suivre… Paru chez Dunod en 2001
- comment l’informatique a-t-elle évolué depuis la naissance de cette industrie ?
- quelles ont été les principales étapes ?
- après le matériel et le logiciel, de quoi va être fait l’ère de l’Internet ?
- pourquoi on ne peut pas faire confiance aux éditeurs
- pourquoi ce ne sont pas les acteurs de l’industrie qui déterminent l’évolution technique ?
- pourquoi les prévisions ne valent rien ?
- comment évolue vraiment la technique ?
- quelle est l’avenir de cette industrie ?
J’ai tenté de répondre à ces questions (et à bien d’autres encore…) dans ce 4ème livre paru chez Dunod.
On trouve encore le livre sur amazon.fr => Le troisième tournant : Comment l’informatique professionnelle a évolué depuis ses débuts jusqu’à Internet et quels sont les développements inattendus qui vont suivre…
Interview publiée sur le site de Dunod en Octobre 2001.
Le « 3e tournant », une vision décapante de l’évolution de l’univers informatique
Alain Lefebvre était jusqu’en avril 2001 vice-président de SQLI, société de développement informatique. Aujourd’hui, déçu par le comportement des grandes entreprises informatiques et des utilisateurs, il revient sur l’évolution technique de l’informatique ces dernières années aussi bien que sur les méthodes des acteurs du secteur, et trace des perspectives pour les dix ans à venir. À l’occasion de la parution de son dernier ouvrage, Le troisième tournant, celui de l’évolution de l’informatique professionnelle à l’ère de l’Internet, il plaide en faveur de l’émergence d’une conscience politique face aux « acteurs-prédateurs » de l’informatique…
Votre livre fait figure d’une véritable « bombe » lancée sur le discours informatique ambiant !
Quelle en est l’origine ?
Il y a eu en fait deux motivations principales pour l’écriture de ce livre :
– Pendant de nombreuses années, j’ai diffusé une certaine connaissance de l’informatique et j’ai exprimé mes points de vue à travers des éditoriaux, mais parfois avec une certaine autocensure. Cela m’a d’ailleurs voulu de nombreux messages d’insultes de la part de mes détracteurs… Aujourd’hui, je suis arrivé à un point de mon parcours où je veux tourner une page et où je peux exprimer sans crainte ce que je pense vraiment de ce milieu et de ses pratiques. Et mon opinion est simple : je suis atterré par les comportements et les méthodes des grandes sociétés d’informatique et je voulais faire partager cette opinion.
– La seconde raison est une sorte de « ras-le-bol » qui découle de cette opinion : j’en ai assez d’entendre toujours les mêmes pseudo-vérités rabâchées par les mêmes « porte-paroles » et acceptées sans réfléchir par la grande masse des professionnels qui agissent mais ne réfléchissent pas. Ce sentiment d’être manipulé par des « acteurs-rentiers » m’agace énormément et l’attitude passive de nombre d’utilisateurs face à ce comportement me déçoit profondément. Ce livre est donc une manière de livrer ma réflexion sur l’évolution technique de l’informatique, sur les multiples erreurs commises, répétées, et parfois voulues. C’est aussi l’occasion d’expliquer pourquoi je crois profondément au développement de réponses simples, légères, rustiques. S.O.A.P. (Simple Object Access Protocol), auquel je consacre une bonne partie du livre, en est un bon exemple : ce sont sa légèreté et sa simplicité qui en font une pierre angulaire de l’informatique de demain.
Vous récusez les concepts de « révolution informatique » au profit de « mutations » beaucoup plus souples des systèmes d’information. Quelle est votre analyse de ces évolutions ?
En fait, j’ai toujours été stupéfait par l’image « high-tech » et moderniste de ce milieu alors qu’il est, en réalité, très conservateur. Cet état de fait n’apparaît pas à l’utilisateur moyen qui utilise son PC et voit, tous les jours, des innovations apparaître. Pourtant, ce conservatisme est réel et s’explique facilement : beaucoup de choses ont été essayées et très peu ont débouché effectivement sur du concret. Si l’on regarde l’histoire de l’informatique, il y a eu des centaines de logiciels ou de matériels novateurs qui ont été proposés et autant d’idées qui ont été développées mais, finalement, l’informatique a-t-elle tant changé que cela ?
À bien des égards, on peut dire que l’industrie informatique est hallucinante. Je lisais récemment un article dans Libération à propos de la sortie de Windows XP. Il y était écrit : « L’industrie du PC est hallucinante. Avoir osé depuis vingt ans livrer des produits non finis, c’est incroyable que cela ait marché ». Cependant, le plus incroyable, ce n’est pas la désinvolture des acteurs, c’est plutôt le niveau de résignation des utilisateurs ! Aussi ma motivation est-elle de faire comprendre aux utilisateurs et clients de l’informatique que le progrès ne vient pas des acteurs, des sociétés informatiques, et qu’il ne faut pas essayer des techniques compliquées.
Si, sur ces deux points, j’arrivais à faire avancer un peu — même très peu —, la prise de conscience, ce serait déjà une grande satisfaction !
J’ai, en quelque sorte, une démarche « politique » à ce niveau : je voudrais pouvoir dénoncer l’attitude et les dégâts causés par les acteurs de l’informatique, tout comme les militants anti-mondialisation tentent de lutter contre les nations impérialistes et les multinationales « tentaculaires ». Cela peut ressembler à un discours gauchiste, mais ce n’est pas cela : il s’agit en fait d’avoir une conscience politique. Et dans le monde de l’informatique, c’est une attitude neuve qui rencontre encore peu d’écho…
De la même façon, les associations de consommateurs sont totalement effarées quand elles commencent à s’intéresser aux pratiques des acteurs de l’informatique. De mon point de vue, ce sont des « acteurs-prédateurs » comparables aux maîtres des forges du XIXe siècle, aux compagnies pétrolières du début du XXe siècle ou aux constructeurs automobiles des années 1950-1960 : ce sont des sociétés agissant sans se préoccuper du consommateur, et sans que les États ne fassent rien pour s’y opposer.
Vous expliquez que l’avenir de l’informatique réside dans l’Open Source. Comment répondre aux diverses craintes des entreprises pour ce mode de développement ?
Là encore, tout est question de prise de conscience : si l’on n’entend et si l’on ne diffuse qu’un discours qui favorise la crainte, l’incertitude et le doute, on favorise le jeu des « acteurs-rentiers » façon Microsoft, Oracle ou Sun. Il faut, au contraire, enseigner aux utilisateurs qu’il existe une autre voie, que cette voie est concrète, profitable et que, par-dessus tout, cela marche ! Si l’on ne fait pas ce travail, il est certain que l’informatique s’enlisera et ne fera que suivre les volontés et les chemins tracés par ces acteurs-rentiers.
En revanche, il est évident que ce cheminement ne va pas se faire tout seul. Cela prendra probablement quelques années, mais, pour autant, il ne faut pas se décourager : au contraire, cela laisse du temps pour expliquer, pour marteler encore et toujours que l’Open Source est une démarche en phase avec l’ère de l’Internet, et que c’est le mode de développement vers lequel il faut aller pour plus d’efficacité et de rentabilité.
Le choix d’un système d’exploitation propriétaire ou « libre » ne va-t-il pas à nouveau dépendre des catégories d’utilisateurs visés ?
Je ne sais pas ce qui pourrait favoriser cette distinction plus encore qu’elle n’existe aujourd’hui. D’un autre côté, il faut être lucide : Linux n’est pas encore actuellement prêt pour l’utilisateur de base, et Windows, avec tous ses défauts et sa fiabilité relative, est bien plus adapté. Là aussi, il faut avoir le courage d’un discours réaliste : il ne s’agit pas de dire « tous sous Linux », mais de se battre pour disposer d’outils fiables et adaptés.
Vous expliquez que S.O.A.P. (Simple Object Access Protocol) est la solution longtemps attendue pour « sortir » du réseau local : qu’entendez-vous par là ?
Je veux dire que, jusqu’à présent, les techniques de communications inter-applications étaient toutes limitées à un contexte de proximité (comme l’écrit fort bien Jeff Gould dans la préface de mon ouvrage), et qu’il n’existait aucune solution pour permettre un échange applicatif sur l’Internet (au-delà de l’échange de fichier permis par HTTP — car, finalement, c’est cela le fonctionnement du Web : via HTTP, un client demande un fichier au serveur en le désignant par une adresse complète et le serveur ne fait que renvoyer un fichier, à charge au client de l’interpréter correctement).
Alors, effectivement, je suis confiant dans le succès à terme de S.O.A.P., car cette R.P.C. (Remote Procedure Call) présente une caractéristique essentielle pour percer dans le darwinisme informatique : elle est simple et légère. La force de S.O.A.P., c’est qu’il s’agit d’un standard situé au cœur des WebServices, d’un ensemble de méthodes et de formats standards qui s’appuient sur XML et HTTP, et d’un protocole qui est soutenu par les grands acteurs. Cela plaide fortement pour son succès !
Vous considérez que les acteurs informatiques sont aujourd’hui disqualifiés. Dans ces conditions, quels sont les bons réflexes « informatiques » à adopter ?
Je ne peux effectivement pas cacher une certaine amertume en voyant le gâchis provoqué par les grands acteurs. Pour préciser mon idée, je dirai qu’il y a trois tendances lourdes en informatique pour la décennie à venir : premièrement, le développement de l’Open Source me semble une évidence, deuxièmement, on va en revenir à des solutions simples et rustiques mais efficaces, comme S.O.A.P, troisièmement enfin, il ne faut rien attendre des acteurs : il faut se prendre en main et ne pas accepter les choix qui nous sont imposés par ces derniers.
Il faut qu’une prise de conscience « politique » favorise l’émergence d’une nouvelle catégorie d’acteurs, comme les software agencies que je décris dans la partie finale de mon livre. Avoir face à soi une entreprise qui fait office de consultant et de développeur est une aberration : ces fonctions doivent êtres distinctes, autrement, et cela est bien normal, on ne conseille que ses propres solutions, ou que des solutions rassurantes, et non des solutions innovantes et ouvertes, qui ne bloqueront pas l’entreprise dans les années à venir.
De fait, les acteurs « lourds » de l’informatique conservent un pouvoir de nuisance évident mais ce ne sont que des parasitages qui freinent le mouvement général vers l’ouverture sans pouvoir l’arrêter.
Vous dites qu’une innovation a besoin de deux temps pour s’installer : prendre position dans un premier temps, corriger ses défauts dans un second. Mais comment évaluer la durée de ce premier temps ?
Quand on évoque des durées, les ordres de grandeur paraissent si disproportionnés que l’on n’est jamais cru !
Ainsi, quand j’annonçais qu’il faudrait dix ans pour passer à IP v6, cela faisait rire, mais je n’ai plus que cinq ans à attendre pour avoir raison (et cela en prend bien le chemin !). Cependant, dix ans, c’est finalement peu lorsqu’on parle de changements structurels au niveau de l’infrastructure. Tout ne peut se faire en quelques mois ou en deux ou trois ans : il est préférable d’attendre pour avoir un produit réussi au final plutôt que de se précipiter et décevoir !
Alors, combien de temps pour la première vague ? Si l’on regarde les événements passés, il s’agit à chaque fois d’un délai de 6 à 12 ans ! Cela paraît long, mais c’est une durée à laquelle on ne peut échapper.
Comment situez-vous le phénomène des « start-up » Internet dans l’histoire de l’informatique ?
Je pense que les start-up Internet sont un épiphénomène, qui ne mérite pas plus qu’une note de bas de page dans la perspective de l’évolution. Le phénomène start-up a toujours existé avec chaque nouvelle vague : dans les années 80, la start-up typique, c’était l’éditeur de logiciels Borland… Aujourd’hui, Borland a disparu de la scène, même si la société existe encore : il en est de même pour beaucoup de start-up.
Par ailleurs, le phénomène des start-up technologiques n’est pas nouveau : on l’a connu de nombreuses fois par le passé. Je donne, dans le livre, l’exemple du télégraphe : on retrouve le même schéma. Une croyance dans une nouvelle technologie qui pourrait bouleverser l’économie, de multiples acteurs économiques qui naissent autour de cette technologie, et qui disparaissent finalement très vite. Pourtant, cela n’a pas empêché le télégraphe de se développer et de donner naissance à de nouvelles techniques de communication, parmi lesquelles l’Internet !
Vous considérez que l’Intranet et l’Extranet vont faire évoluer le système d’information de l’entreprise vers un système de communication à part entière. Le rôle des Directeurs des Systèmes d’information en sera-t-il amoindri ?
Non je ne crois pas, bien au contraire : si les informaticiens internes ont enfin le réflexe de se comporter avec intelligence, ils ont même un rôle majeur à jouer ! Simplement, ils doivent avoir le courage de ne pas être que des relais pour des acteurs-prédateurs et redevenir de vrais décideurs sur le plan technique, car il y a et il y aura toujours des choix structurants à effectuer.
Ils doivent donc être des forces de proposition, au lieu de subir les évolutions en traînant des pieds comme on l’a vu parfois avec le client-serveur ou l’Intranet.
Dans le cas contraire, ils seront balayés par l’externalisation des services informatiques.
Pour conclure, pensez-vous que les S.S.I.I. vont s’effacer devant les sociétés de conseil ?
Même si l’externalisation gagne du terrain dans les entreprises, et pas seulement pour les services informatiques, les S.S.I.I. resteront des acteurs majeurs du marché. Simplement, une redistribution des rôles, un schéma plus efficace est en train de se mettre en place, avec des fonctions clairement définies pour chacun des acteurs.
Par ailleurs, je ne crois pas au succès des A.S.P (Application Service Providers), tout du moins dans leur forme actuelle. Il me semble que les entreprises sont encore trop réticentes pour passer à ce système : il y a toujours une volonté de disposer en interne des ressources informatiques. Comme je le disais auparavant, il y a donc encore un bel avenir pour les informaticiens, à condition qu’ils se décident à être moins attentistes et conservateurs…
© DUNOD EDITEUR, 27 Octobre 2001
Les questions fréquentes sur le 3ème tournant
Un FAQ (les questions fréquentes) sur un site d’auteur, ne serait-ce pas plutôt une forme d’auto-interview déguisée (note du comité de vigilance anti auto-promotion abusive) ?
S’agit-il d’un livre historique sur l’informatique ?
Non, les deux premiers chapitres retracent l’évolution de l’informatique et de son industrie lors de ces quarante dernières années dans le but de mettre le contexte en perspective, pas dans une intention « historique » au sens premier du terme…
Il existe de nombreux sites Web qui proposent une vision historique de l’informatique, la plupart sont en anglais et c’est pourquoi je vous conseille en priorité, si le sujet vous intéresses, celui de Serge Rossi qui tient un site sur « l’histoire de l’informatique de -3000 à 1986 : http://histoire.info.online.fr/ ». C’est d’ailleurs à partir de ce site que j’ai puisé une bonne partie de mes références historiques.
S’agit-il d’un livre technique sur les architectures informatiques ?
Non, les aspects techniques de SOAP sont brièvement abordés mais cette partie ne suffit pas à qualifier ce livre d’ouvrage technique et c’est tant mieux !
Mes trois précédents livres étaient des « livres techniques » et, en conséquence, ne s’adressaient qu’à un public restreint. Cette fois, tout le monde peut lire « le 3ème tournant » sans difficulté.
S’agit-il d’un livre sur l’Internet et le Web ?
Pas plus !
La montée de l’Internet et le rôle du Web sont abordés mais ce n’est pas le sujet central. De plus, il y a déjà eu une masse de livres consacrés à l’Internet et la plupart sont plutôt décevants…
S’il ne s’agit ni d’un livre historique, ni d’un livre technique, ni même d’un livre sur Internet, alors de quoi traite « le 3ème tournant » ?
Relisez le sous-titre : Comment l’informatique professionnelle a évolué depuis ses débuts jusqu’à l’Internet et quels seront les développements inattendus qui vont suivre… Tout est là.
Ce livre décrit comment l’informatique a évolué en se transformant au grè de 3 tournants fondamentaux. Il explique pourquoi il n’y a eu que 3 tournants et pourquoi ces tournants ne sont PAS des « révolutions » comme on l’écrit trop souvent.
Ces explications permettent de prévoir comment les choses vont évoluer à l’avenir (du moins, j’espère !) sans être pollué par les prévisions fantaisistes dont nous sommes abreuvés par les acteurs de l’industrie.
Ce livre démontre aussi pourquoi il n’y a rien à attendre de bon de la part de ces acteurs qui ne sont pas des facteurs de progrès pour l’informatique…
Il s’agit d’un livre très différent des 3 autres, pourtant, y-a-t-il un lien avec les précédents ?
Forcément. C’est parce que j’ai écris mes ouvrages « techniques » que j’ai pu prendre du recul et me lancer dans un livre d’analyses et de prospectives avec la crédibilité et la compétence que me donnait le succès de mes autres ouvrages (soit dit en toute modestie !).
Le 3ème tournant semble très documenté, quelles ont été vos sources ?
Comme je l’ai indiqué ci-avant, j’ai beaucoup utilisé le site de Serge Rossi, « l’histoire de l’informatique de -3000 à 1986 : http://histoire.info.online.fr/ pour mes références historiques. Voyez aussi une page de liens utiles) !
Quelles difficultés avez-vous rencontrées lors de la rédaction de cette ouvrage ?
Ecrire un livre n’est jamais facile et celui-ci n’a pas fait exception !
Le 3ème tournant, tel qu’il est aujourd’hui, ne correspond pas au projet que j’avais au départ à l’esprit mais c’est souvent ainsi : c’est le livre lui-même qui dicte ce que devient le projet imaginé par l’auteur.
J’ai eu surtout du mal avec la seconde partie (les conséquences inattendues de l’ère Internet) alors que j’ai pris beaucoup de plaisir à rédiger la première (la longue marche du système d’informations). A ce titre, je tiens à souligner le rôle de l’éditeur qui m’a bien aidé à sortir du dédale qu’était en train de devenir ce projet (mais, ici aussi, c’est toujours comme cela, il faut bien que l’éditeur mérite sa part !).
En fait, la principale difficulté fut bien dans l’aspect prospective du livre qui peut paraître bien réduite.. Mais, il faut se souvenir que, lorsque l’on prévoit l’avenir, on dit d’abord beaucoup de bêtises (donc, moins on prévoit de développements et plus on évite de se fourvoyer), ensuite, il se passe toujours moins de choses dans le futur qu’on ne l’imagine au départ, il faut donc rester « sobre » en la matière.
Croyez-vous au pouvoir d’influence des livres, en d’autres termes, croyez-vous que votre livre puisse changer quoi que ce soit à l’industrie informatique ?
Je n’ai pas beaucoup d’espoirs que « le 3ème tournant » change le comportement des acteurs de l’informatique ou la mentalité (et même la crédulité) des clients.
Toutefois, une [bonne] surprise n’est jamais à exclure…
Pour qui et pourquoi avez-vous écrit ce livre ?
D’abord pour moi et ensuite parce que j’en avais envie !
Sérieusement, on écrit d’abord pour soi et ensuite pour être lu. Le fait d’être est une confirmation que la création existe bien et cette confirmation est nécessaire à la satisfaction de l’auteur. Les constructivistes (une école de pensée) disent « les choses existent parce que nous sommes là pour les regarder », pour les paraphraser, on pourrait dire que « les livres existent parce que nous sommes là pour les lire… ».
J’avais depuis longtemps ce projet d’un livre sur l’informatique qui ne soit ni technique, ni fonctionnel, ni stratégique mais qui, enfin, dise la vérité sur cette industrie.
La vision de l’univers informatique que vous proposez dans votre ouvrage est très « marquée » et par cela même, très contestable, en avez-vous conscience ?
Oui mais cela fait partie du jeu !
De plus, j’ai l’habitude d’être critiqué, voire même insulté (ça se limite à l’email, heureusement !) et ce ne sont pas ces « réactions » qui vont changer ma vision des choses. Qu’on n’aime pas mon style, je peux le comprendre mais j’attends encore des critiques sur le fond de ce que j’ai affirmé depuis que j’écris. Sur le plan technique, j’ai toujours eu raison (et la façon dont la technique a évolué depuis le démontre, enfin, c’est ainsi que je veux le croire !), avec cet ouvrage, je vais cette fois au-delà de l’aspect technique, et je pense encore que je suis dans le vrai jusqu’à ce qu’on me démontre le contraire (je concluerai comme Zola dans “J’accuse” : j’attends !).
Dans le 3ème tournant, vous être très critique (voire mordant) avec tous les acteurs du monde informatique (constructeurs, éditeurs de logiciels et même clients), pourquoi tant de haine ?
Les acteurs dominants de l’informatique, quels qu’ils soient à travers les époques ont eu un comportement digne des compagnies pétrolières les plus avides (les marées noires en moins et encore !) … Ils ont menti, triché, trompé leurs clients, ralentit le progrès et promu sciemment des impasses !
Je crois que c’est assez pour être dénoncé. Comme je n’ai plus d’intérêt dans la profession, j’étais dans la position idéale pour le faire…
Vous avez quitté le groupe SQLI en avril 2001, quelle est votre activité aujourd’hui, déjà la retraite ?
Pas tout à fait, écrire un livre est une activité très prenante !
J’ai d’autres livres en projet (et pas forcément dans le domaine de l’informatique), restez à l’écoute…
Le 3ème tournant paraît chez Dunod alors que vos deux précédents ouvrages venaient de chez Eyrolles, pourquoi avoir changé d’éditeur ?
J’ai été très satisfait du travail fait par Eyrolles sur les deux livres que nous avons fait ensemble mais Eyrolles n’était pas intéressé par un ouvrage non-technique. C’était l’occasion pour moi de revenir vers mon éditeur d’origine…
En effet, « Architecture client-serveur », mon tout premier livre, a été publié par Armand-Colin et Dunod fait partie du même groupe.
Avez-vous en projet d’écrire encore d’autres livres sur l’informatique ?
A priori non, « le 3ème tournant » doit faire office d’ouvrage « définitif » sur le sujet, pour moi en tout cas !
C’est aussi une façon pour moi de tourner la page de l’informatique après y avoir consacré 22 ans de carrière… Ceci dit, il faut se garder de dire « fontaine, je ne boirai pas de ton eau » et peut-être serais-je amené à écrire sur ce domaine (oh non, clament en cœur tous mes adversaires, on pensait enfin être débarassé de cet emmerdeur !).
Prévoyez-vous des prolongements à cet ouvrage sous forme de conférences ou autres ?
Non, j’ai donné beaucoup dans ce type d’exercice lors de mon activité professionnelle au sein du groupe SQLI et je n’ai pas envie de jouer les prolongations. De plus, j’estime avoir tout dit dans mon livre…
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