Nouvelle de SF (complète), rédigée le 25/08/2003
Guy Coutant était obligé de presque courir pour rejoindre ses fils qui dévalaient le sentier. « restez sur le sentier et ne courrez pas ! » criait-il.
« C’est bien ma veine : je suis le seul adulte à proximité, Laurent et Hélène sont restés au refuge et je me retrouve donc être responsable de ces monstres qui n’en font qu’à leurs tête ! ».
Lorsqu’il rejoignit enfin le groupe, les enfants étaient assemblés autour d’une petite mare d’eau où grouillaient des centaines de tétards. Et, bien sûr, la pagaille s’installa vite : grosse pierre jetée dans l’eau, enfants poussés dans la boue, cris, bagarres, etc.
C’est exactement ce que je craignais pensa Guy, il est temps de reprendre le contrôle…
Guy se mit à hurler : « écoutez-moi tous, je suis le seul adulte du groupe et je suis donc responsable de vous tous, je veux que ça se passe bien et… ».
Le reste de sa phrase s’étrangla dans sa gorge, au lieu d’une grosse voix autoritaire d’adulte tout-puissant, il n’entendit qu’un cri strident d’une petite voix poussée à son maximum !
Alors qu’il était encore frappé de stupeur par le décalage entre ce qu’il attendait et ce qu’il entendit, tous les enfants le regardaient, interloqués. L’étonnement du groupe ne dura pas et se mua en un énorme éclat de rire…
L’un des enfants s’adressa directement à Guy :
– ah, tu nous a bien fait rire toi avec ton « je suis le seul adulte du groupe », il faudra que tu le refasses, c’est trop drôle !
Guy regardait ces garçons et ces filles qui l’observaient. Ce qu’il voyait était bizarre, de nombreux détails ne correspondaient pas à la « normale » : tout d’abord, ils semblaient bien grands pour des enfants autour de dix ans, ensuite leurs vêtements étaient, comment dire, démodés…
De l’autre côté de l’étang, un jeune adulte apparut soudain :
– allez ma section, retour aux batiments du Dauphin maintenant si vous ne voulez pas manquer la distribution du goûter !
A ces mots, tous les enfants le suivirent en criant et riant.
Complétement décontenançé et ne sachant quoi faire, Guy suivit le mouvement également, ne serait-ce que pour rester avec ses fils. À cette pensée, Guy se mit à chercher des yeux ses deux fils sans les trouver !
Courrant vers l’adulte en tête du groupe, Guy réalisa aussitôt que, décidément, ce jeune était de bien grande taille : Guy lui arrivait à peine à la ceinture…
– attendez un instant : qui êtes-vous et où sont mes fils ?
En prononçant ces mots, Guy réalisa combien la situation était incongrue : il s’exprimait avec un petit filet de voix face à un géant inconnu !
– eh ben, qu’est-ce qui t’arrives à toi ?
– ce qui m’arrive c’est que je ne sais pas qui vous êtes, que vous prétendez emmenez les enfants de mes amis je ne sais où et que je ne sais plus où sont mes fils par dessus le marché !
Nouvel éclat de rire du groupe, même le jeune géant riait !
Guy était comme un nain entouré d’autres nains qui se pressaient joyeusement autour d’un guide d’une taille démesurée. Tout cela était absurde et Guy se sentait dépassé par la tournure des événements. À chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il ne reconnaissait pas sa propre voix et provoquait l’hilarité générale.
De plus, même le paysage avait changé : ce n’était plus les gorges caillouteuses des sources de la Solonde qui étaient autour de lui mais une colline verdoyante et parsemée de fleurs sauvages. Disparu, le modeste refuge de la Solonde; à la place, se dressaient des batiments massifs.
Plus rien n’était normal, plus rien ne collait, mais qu’est-ce qui se passait bon sang ?
Guy entra dans le complexe formé par les trois batiments et quitta le groupe qui se fondit dans la queue formée par la distribution du goûter. Et regardant autour de lui, il vit un écriteau marqué « bureau du directeur » et entra directement dans la pièce.
– je veux voir le directeur !
– mais c’est moi-même mon enfant, que veux-tu, quelle est ta section ?
– pourquoi m’appelez-vous « mon enfant » et quel est cet endroit ?
– ça ne te plait pas que je dise « mon enfant » ?
Et bien soit, je ferai attention et je t’appellerait par ton prénom si tu veux bien me le dire et me dire aussi ce qui t’amène dans mon bureau…
– à quoi jouez-vous tous ?
Qu’est-ce qui se passe là ?
– si tu me disais ce que tu veux, je pourrais peut-être t’aider…
– OK, alors voilà ce que je veux : je veux savoir quel est cet endroit et je veux savoir où sont mes fils !
– je peux te dire que nous sommes à la colonie de vacances « Philippe 7 », en revanche, tu me parais bien jeune pour avoir des fils…
– une colonie de vacances ?
Mais il n’y avait aucune colonie de vacances autour du refuge !
– de quel refuge parles-tu ?
– mais du refuge de la Solonde, dans le parc des Ecrins bien sûr !
– je crois mon cher petit que tu es en pleine confusion ; ici nous sommes à Fliers, dans le Jura, bien loin du parc des Ecrins vois-tu… qui t’as mis cela en tête ?
– attendez un instant, vous êtes le directeur d’une colonie de vacances, de cette colonie de vacances, c’est ça ?
– oui, c’est bien cela. Maintenant que tu m’as remis à ma place, veux-tu bien me dire ton nom, quelle est ta section et ce que t’est arrivé pour parler ainsi ?
C’est la première semaine du séjour et je n’ai pas encore mémorisé vos noms à tous…
Une pensée terrible s’imposa brutalement à l’esprit de Guy : ce type croit fermement que je fais partie de sa colonie de vacances !
Soit il est fou à lier, soit…
Le directeur regardait Guy avec un air bienveillant mais il paraissait menaçant tellement son bureau était énorme. Pourquoi avoir un bureau aussi gros ?
Et pourquoi tout paraît si grand depuis la mare ?
Le cerveau de Guy était en ébullition tant les questions étaient nombreuses et absurdes. Il commençait même à douter de ce qu’il voyait.
En respirant un grand coup et en tentant de retrouver son calme, Guy s’adressa de nouveau au directeur :
– pour vous, je suis un de vos pensionnaires, n’est-ce pas ?
Pouvez-vous m’expliquer ce qui vous fait croire cela ?
– selon les apparences, tu fais parti de la section des 8/10 ans et je vois mal ce que tu ferais tout seul au milieu du massif si tu ne séjournais pas dans notre établissement.
– écoutez, tout cela est absurde, je ne suis pas un de vos pensionnaires, je suis un adulte à la recherche de mes deux fils et je ne comprends rien à ce qui arrive !
Cette fois, le directeur resta silencieux et regardait Guy l’air embêté.
– alors, à ton tour de m’expliquer ce qui te fait croire que tu es un adulte alors que tu apparais sous les traits d’un enfant de… voyons, je dirais d’un enfant de huit ou neuf ans. Vas-y, je t’écoutes.
Guy se rendait progressivement à l’évidence, toutes les apparences étaient contre lui : sa voix fluette, la taille des autres, même les vêtements qu’il portait en cet instant…
Comment pouvait-il être possible qu’il soit désormais dans le corps d’un jeune garçon ?
– admettons que vous me voyez comme un jeune enfant, comment expliquez-vous que je puisse m’exprimer ainsi ?
Vous qui devez en voir passer, vous prétendez qu’un enfant de huit ans serait capable de vous parler comme je vous parle ?
– tu as des talents d’acteur mon petit, c’est indéniable, tu vas intéresser notre activité théatre !
– répondez à ma question : est-il normal qu’un enfant de huit ans parvienne à tenir une conversation de ce niveau avec le directeur d’une colonie de vacances ?
– une « conversation de ce niveau » ?
Mais nous n’avons encore rien dit à part tes questions étranges !
– très bien, interrogez-moi sur le sujet que vous voulez et vous verrez !
– décidément, tu tiens bien ton rôle… mais puisque tu y tiens : quelle est la fonction qu’occupera le Dauphin quand il aura atteint sa majorité ?
– le Dauphin, quel Dauphin ?
– mais le Dauphin de France voyons !
Tu vois bien mon petit, tu prétends avoir la connaissance d’un adulte et tu ne sais rien sur le Dauphin alors que nous allons fêter son anniversaire dans une semaine…
– mais enfin, qu’est-ce que c’est que cette histoire de « Dauphin de France » ?
– le Dauphin de France est le fils héritier de notre bon roi Charles le quinzième, notre futur roi donc, le plus tard possible évidemment !
Guy sentait qu’il perdait pied. Il ne comprenait rien au charabia monarchique du directeur qui avait pourtant l’air sérieux. Il regarda les murs du bureau et rien ne paraissait familier : il y avait bien une carte de France mais les frontières intérieures semblaient floues. Il y avait un calendrier mais il paraissait bien vieux et orné d’images dignes d’un catéchisme périmé.
Il fixa son attention sur le calendrier… 1968, c’était un calendrier de 1968 !
– pourquoi gardez-vous un calendrier aussi vieux, vous faites une collection ?
– mais non, c’est le calendrier de l’année !
Mais tu as raison : il est si beau qu’on pourrait en faire une collection !
Cette fois, Guy ne fut presque pas surpris : normal qu’on soit en 1968 si je dois avoir huit ans, vu que je suis né en 1960…
Il décida de rentrer dans le jeu du directeur pour tenter d’en savoir plus.
– nous sommes donc en 1968… quel mois ?
– en Juillet, nous sommes le 11 juillet.
– Juillet 1968, d’accord… vous devez donc avoir eu bien du mal à organiser votre séjour suite aux événements de Mai 68 !
– les « événements de Mai 68 » dis-tu ?
Mais quels événements ?
Le pays est tout à fait calme depuis les dernières « Jacqueries » d’il y a deux ans…
Et là, Guy s’aperçut que l’histoire de France qu’il avait en tête ne correspondait vraiment pas à celle que le directeur était en train de lui raconter : la France était toujours une monarchie, les guerres mondiales n’avaient pas eu lieu mais il y avait bien eu des guerres coloniales et ainsi de suite.
Pour finir, le directeur remit à Guy un ouvrage intitulé « l’histoire Sainte du Royaume de France racontée aux enfants » avec Jeanne d’Arc en couverture.
Guy sortit du bureau du directeur avec le livre d’histoire à la main. Dans la cour, une petite fille l’attendait et le regardait fixement. Guy plongea le nez dans son livre pour échapper à ce regard mais c’est la fille qui alla droit sur lui…
– tu es celui qui prétend être un adulte ?
– pourquoi tu me demandes cela ?
– j’ai pensé que cela t’intéresserait de savoir que tu n’es pas seul dans ce cas…
– qu’est-ce que tu veux dire ?
– je veux dire que, moi aussi, je suis une adulte prisonnière d’un corps d’enfant et moi non plus, je ne comprends rien de ce qui arrive !
C’est ainsi que Guy fit la connaissance de Sylvie Lemaire qui avait 35 ans et qui se rappelait être une efficace responsable du service « grands-comptes » d’une agence de publicité. En échangeant leurs souvenirs, Guy et Sylvie se sont aperçus qu’ils n’avaient pas grand chose en commun à part se retrouver ici : alors que Sylvie vivait en 1997 avant d’être « transposée » à la colonie, Guy lui vivait en 2001 et ainsi de suite.
Même en cherchant bien, ils ne trouvaient pas d’élément permettant de relier leurs deux parcours et qui expliquerait pourquoi ils s’étaient brusquement retrouvés hors de leurs mondes respectifs…
Alors que Guy exprimait son inquiétude pour ses fils, Sylvie le rabroua rudement :
– oublie tes fils, c’est pas ici que tu les trouveras !
Tu n’as pas encore compris ?
Rien ici n’est « normal », il ne sert à rien de vouloir y chercher des éléments familiers. Nous devons trouver une solution par nous-mêmes, point.
Ils passèrent encore un long moment à discuter et puis la cloche du réfectoire sonna…
– je pense que c’est le dîner du soir, expliqua Sylvie, mais, dis-moi, tu as faim ?
– en fait, pas du tout.
– pour moi c’est pareil : je ne ressens pas du tout le moindre appétit.
– c’est un peu normal, tenta de justifier Guy, avec le le stress que nous subissons, manger est vraiment le cadet de nos soucis.
– non, je ne crois pas, c’est plus que ça. De toute la journée, je n’ai eu ni faim ni soif, pas une seule fois, même pas l’envie d’aller aux WC, rien.
– et alors ?
– eh bien ça non plus ce n’est pas normal.
Guy était obligé d’admettre que Sylvie avait raison : cette absence de sensation, cette absence de besoin ne pouvaient être expliquées seulement par le stress.
– bon, mettons que tu aies raison : même notre peu d’appétit est anormal. Mais que peut-on en déduire ?
On sait bien que quelque chose de très étrange vient de nous arriver mais comment en sortir ?
Je me fiche de dénombrer les anomalies dans ce cauchemard, je veux en sortir !
– mais moi aussi figure-toi !
– alors, qu’est-ce que tu proposes ?
Il était clair que dans ce petit couple, c’est la petite fille qui avait pris l’ascendant. C’est elle qui faisait preuve d’autorité et qui semblait avoir le plus réfléchi à la situation. Elle remettait tout en doute systématiquement alors que Guy lui cherchait encore une explication.
– ce que je propose, c’est que nous en cherchions d’autres comme nous. Peut-être ne sommes-nous pas les seuls. Peut-être que cette colonie est une sorte de camp de prisonniers…
Guy n’avait rien de mieux à proposer, donc, il accepta. Leur recherche resta vaine. Les autres enfants avaient tous l’air d’être effectivement des enfants.
Sylvie restait songeuse et ne semblait même pas déçue par cet échec.
– finalement, je crois qu’on fait fausse route en essayant d’en trouver d’autres, ce n’est pas ça le problème… dit-elle finalement.
– ah oui, et c’est quoi le problème alors ?
Moi je trouve que c’est le fait d’être coincé ici qui est le problème, voilà ce que je crois !
Ils s’étaient isolés dans un coin du dortoir et chuchotaient pour ne pas réveiller les autres mais là, Guy commençait à s’énerver devant le calme de Sylvie.
– calme-toi et considère notre situation : admettons que tout ceci soit « réel »…
– quoi « tout ceci » ?
– cette colonie, le directeur, le fait que nous soyons en 1968 et que l’histoire de France soit différente, tout ce que nous avons découvert depuis que nous sommes ici…
– bon, d’accord… alors c’est réel ou pas ?
– et bien justement, je commence à en douter et je pense que c’est là que se situe notre erreur.
– notre erreur, quelle erreur ?
– le fait qu’on accepte ce qui nous arrive comme si c’était bien réel.
– qu’est-ce que tu crois, qu’on est en train de rêver ?
Effectivement, TU es en train de rêver, tu es même en train de rêver que tu comprends ce qui nous arrive !
Mais ma pauvre, comment veux-tu qu’on soit en train de rêver ?
C’est pas comme cela du tout les rêves !
– qu’est-ce que tu en sais ?
Oui, qu’est-ce que tu sais sur les rêves ?
Tu te souviens de tes rêves toi, avec précision ?
Erreur, tu te souviens uniquement de la dernière partie du dernier rêve que tu as fait lors d’un cycle de sommeil. En réalité, on ne sait presque rien là-dessus, c’est un continent qui n’a pas encore été exploré. Donc, je crois qu’on est peut-être en train de rêver mais ce n’est pas la seule explication possible…
– qu’est-ce que ça peut être d’autre ?
– eh bien je me demande si on essaye pas de nous faire croire à la réalité de cet endroit. Et je dois dire que j’ai de gros doutes maintenant…
– qui ça « on » ?
– je ne sais pas !
Je sais seulement qu’il y a des trucs qui sont trop gros dans cette « mise en scène ».
– comme quoi par exemple ?
– prends le directeur par exemple : nous sommes deux à lui raconter une histoire invraisemblable et cela ne le trouble pas. Mieux, il nous laisse vaquer à notre guise dans son établissement sans même nous surveiller. Nous pouvons aller comme bon nous semble, jamais un moniteur ne fait mine de s’occuper de nous. Même les autres enfants nous sont complétement indifférents. Rien de tout ceci est normal et je m’étonne que tu l’acceptes aussi facilement…
– mais je ne l’accepte pas !
Je ne le comprends pas, nuance…
– mouais, tu me parais quand même moins douter que moi…
– c’est vrai : toi tu veux comprendre, moi je veux simplement en sortir !
– justement : crois-tu que ça va simplement s’arrêter parce que tu le réclames ?
Non, il faut trouver la clé de cette énigme. C’est comme une épreuve dont il faut sortir vainqueur. D’ailleurs, maintenant que j’y songe, même nos vies passées me paraissent suspectes.
– hein ?
Qu’est-ce que tu veux dire là ?
– eh bien, c’est pas très clair mais les souvenirs que j’ai, ce que je t’ai raconté, d’où je viens, ce que je faisais, etc., tout cela est… comment dire… incomplet !
– je ne suis pas certain de te suivre…
– ce que je veux dire c’est que cela parait net mais seulement en surface, tu vois ?
– non.
– OK, alors donnes-moi des détails sur ta vie professionnelle ou sur tes fils, vas-y.
Guy fut bien obligé de creuser dans sa mémoire pour s’aperçevoir que, effectivement, il ne se souvenait de rien de très précis. Seules quelques bribes habitaient son esprit mais rien de suffisamment consistant pour former une vie entière.
– bon, une fois de plus tu as raison, mes souvenirs ne sont pas très clairs et c’est… bizarre…
– ah, tu vois !
– d’accord mais qu’est-ce que ça prouve ?
– eh bé, t’es long à la détente toi !
Ça prouve que ce n’est pas seulement cette colonie qui ne colle pas dans ce qui nous arrive, c’est plus… et je veux trouver ce qui se cache derrière tout cela !
– c’est cela Sherlock Holmes, en attendant allons nous coucher, on verra demain.
– ah parce que tu as sommeil toi ?
– je n’ai pas plus sommeil que je n’ai faim mais la nuit porte conseil et j’en ai un peu marre que tu me considères comme l’abruti de service !
Pendant ce temps, dans l’unité A26, le lieutenant Humber alla frapper au bureau du colonel Jassein.
– mon colonel, vous m’aviez demandé de vous prévenir quand la situation serait stable, elle l’est, nous pouvons intervenir quand vous voulez.
– ah, ils se sont « endormis » ?
– oui, tous deux se sont suffisamment apaisés pour que nous ayons pu les mettre en sommeil très « naturellement »…
Les deux militaires sortirent du bureau et traversèrent le couloir pour aller au centre de contrôle de l’unité « d’immersion opérationnelle totale ».
– votre rapport Humbert ?
– euh, il n’est pas encore prêt mon colonel !
– je sais bien voyons, mais je voudrais entendre vos conclusions préliminaires…
– et bien, il est clair que l’aspirant Lemaire fait preuve de bien plus de perspicacité que l’aspirant Coutant. Ce dernier semble dépassé par la situation alors que Lemaire a tout de suite saisie les lacunes de notre mise en scène.
– alors, d’après vous, pas de doute, l’aspirant Lemaire remporte l’épreuve ?
– oh oui mon colonel, largement !
– très bien, très bien. Voilà ce que nous allons faire : vous pouvez sortir Lemaire de la situation d’immersion et, dès quelle sera « nettoyée » de cette petite aventure, vous me l’enverrez pour que je lui fasse le brief de sa prochaine mission.
– et pour Coutant mon colonel ?
– laissez-le mariner un peu là-dedans… ça peut être intéressant de noter comment sa perception évolue, surtout quand il va s’aperçevoir que la petite Sylvie s’est envolée !
– ça peut être « dommageable » de le laisser en situation trop longtemps, mon colonel, il risque d’être difficile à « nettoyer » en sortie d’immersion…
– oui, je sais, je sais. Mais il est utile que nous en apprenions plus sur les réactions des aspirants quand ils sont plongés en immersion totale, la préparation de nos futures actions en dépend. De plus, Coutant m’a déçu sur ce coup là, il faut bien qu’il se rattrape !
– oui mon colonel.