Pour évoquer et résumer le phénomène Trump, je vais laisser la parole à Alain Soral car la vidéo ci-dessous est très juste sur bien des points, pour ne pas dire tous. Avant que vous ne commenciez à m’insulter, je précise que je ne suis pas un admirateur inconditionnel d’Alain Soral (car ce dernier s’exprime beaucoup, sur tous les sujets et c’est difficile de ne pas être en désaccord avec lui sur certains…). Mais quand Soral vise et dit juste, autant y faire référence, non ?
La vidéo en question n’est plus en ligne… sorry !
Laissons de côté l’obsession « sioniste » de Soral, ce n’est pas le sujet de cette vidéo (ou, en tout cas, pas le sujet principal), ce qui est dit ici est quasiment juste à 100% même si c’est difficile à comprendre, surtout pour nous Européens. Moi aussi, j’ai mis du temps à comprendre et à percevoir l’ampleur du phénomène Trump mais j’ai finalement eu la révélation en allant à Daytona en février dernier. Pour rejoindre Daytona, j’ai traversé la Floride via le sud afin d’éviter de passer par Orlando (pas à cause des shooters potentiels dans les boites de nuit, mais à cause des embouteillages systématiques qui rendent la traversée d’Orlando très pénible…) et c’est là que j’ai vu les multiples pancartes de soutien à Trump. On était alors en pleine campagne des primaires et le tour de la Floride allait venir. Pas une seule de ces pancartes pour Jeb Bush ou pour Rubio (traditionnellement, les américains plantent des petites pancartes dans leurs jardins avec le nom du candidat de leur choix), pourtant les « enfants du pays » mais ayant le tort d’être perçus comme des valets, des pions du système (le système = Washington et son congrès inepte). Les « rednecks » de l’intérieur (en langage politiquement correct, je devrais dire « les vrais gens »…) des terres avaient fait leur choix : Trump et rien d’autre !
Car c’est une année « insurrectionnelle » : les gens (les Américains du moins) en ont marre de tout ce qui vient de Washington… Et on peut les comprendre : depuis des années, le congrès US ne fonctionne plus car trop polarisé entre les républicains qui ne veulent que gêner Obama et les démocrates qui ne pensent qu’à combattre ces mêmes républicains. D’ailleurs, polarisation est le mot-clé pour comprendre la politique américaine : en Europe, nous avons des oppositions entre les parties mais rien d’aussi radical, d’aussi forcené qu’aux Etats-unis. D’où cette notion « d’insurrection » qui va se limiter à cette prochaine élection avec le choix d’un candidat comme Trump qui aurait été très improbable lors des élections précédentes.
Je pense aussi que Trump va gagner l’élection générale une fois qu’il aura été désigné comme candidat officiel des républicains. Non pas que je le souhaite !
Comme beaucoup, je pense que Trump va être un terrible président (terrible dans le sens de « horrible »…). Peut-il se révéler pire que Dubya (Georges W Bush) ?
C’est possible mais ça ne sera pas la fin des USA. L’Amérique a déjà subi son lot de mauvais présidents sans que cela remette vraiment en cause son statut et sa puissance.
Ronald Reagan est auréolé d’une légende mais il s’est révélé être un mauvais président (mais un très bon communicateur).
Même JF Kennedy, la super légende, n’était pas aussi bon que ce que croient encore de nombreuses personnes : Il a entrainé l’Amérique dans la guerre au Vietnam, il est à l’origine de la crise des missiles de Cuba (encore heureux qu’il ait contribué à la dénouer…) et ainsi de suite…
Bref, j’ai parié un petit déjeuner avec un ami américain que c’était Trump qui allait gagner face à Hillary Clinton (pour lui, Trump est une aberration…). Pour deux raisons : Trump sait mener campagne (ces derniers mois viennent de le prouver) et Hillary va avoir bien du mal à faire un score correct…
OK, tu peux nous en dire plus sur le second point ?
Bien entendu. Pour ne rien vous cacher, je ne suis pas un très grand fan d’Hillary Clinton non plus…
La faiblesse de la position d’Hillary Clinton est visible dans la première partie de sa campagne : alors qu’elle avait tout l’argent nécessaire, elle a peiné à se débarrasser de Bernie Sanders qui n’était pourtant pas un adversaire à sa mesure. Le brave Bernie est sans doute un chic type mais il n’y avait aucune chance qu’il puisse être le candidat des démocrates dans un pays où le terme « socialiste » est synonyme d’insulte (tiens, on devrait faire pareil d’ailleurs !). Donc, Sanders était candidat à l’investiture parce qu’aucun des grands pontes parmi les démocrates ne voulait affronter Hillary (vous comprenez, c’était son année cette fois, son tour quoi…). Et pourtant Sanders a fait mieux que se défendre !
Ce fait et ce fait seulement permet de comprendre pourquoi Hillary est mal face à Trump. Mais ce n’est pas tout !
J’avais du mal à comprendre pourquoi Hillary n’était pas apprécié même dans les rangs des démocrates et c’est en interrogeant mes amis américains que j’ai compris… Hillary Clinton est perçue comme quelqu’un de faux, une personne en qui il est difficile d’avoir confiance.
Cette difficulté à être apprécié vient, entre autres, de son attitude lors de l’affaire de Benghazi. Bref, tout cela pour dire que je pense que Trump a raison quand il dit que Clinton n’est pas appréciée, même des femmes… Surtout des femmes en fait !
Pour finir, n’allez pas croire que je pense que Trump est super. En fait, ce type est capable de dire n’importe quoi et de tout de même s’en tirer. Cela en dit long sur l’état intellectuel de notre société actuelle. Certes, Reagan a fait pareil. Berlusconi aussi. Mais tout de même, Donald est capable de mettre la barre assez haute, jugez plutôt :
Trump me fait penser à Berlusconi. Nombriliste exacerbé, grande gueule, très fort pour tout promettre et qui ne s’excuse jamais quoi qu’il fasse. Je ne pense pas qu’il ferait un bon président – les USA ne se dirigent pas comme une entreprise, et ni le congrès ni la cour suprême ne s’écraseront devant lui. Cela dit, George Bush faisait partie du sérail politique et pour ce qui est de ses résultats…
Pour ce qui est d’Hillary, son problème est qu’elle est perçue comme la candidate du status quo (et pas forcément à tort). Le fait qu’elle ait eu du mal face à Bernie n’est pas forcément indicatif. En 2004, John Kerry a écrasé les autres démocrates lors de la primaire, ce qui ne l’a pas empêché de perdre la présidentielle.
Pour commenter ce que dit la première vidéo, si l’aspect anti-politiquement correct a aidé Trump, je crois qu’il y a beaucoup plus que ça.
Tout d’abord, c’est l’année du mouvement « anti-establishment » avec Trump chez les Républicains et Bernie chez les Démocrates (et le Brexit en Angleterre). Trump a gagné beaucoup parmi les gens qui sont en situation difficile et prêts à croire n’importe quelle bobard qu’un « anti-establishment » va leur promettre. Quelqu’un en Angleterre qui a voté pour le Brexit disait qu’il ne pensait pas que le Brexit allait améliorer les choses, mais que étant donné que sa situation était « de la merde » ça pouvait difficilement empirer. En d’autres termes, je suis dans la panade, je n’ai aucun espoir donc autant foutre un grand coup de pied dans l’ordre établi, ca pourra pas être pire. D’un certain côté le message de « Hope » et « Change » d’Obama allait dans ce sens (bien qu’en plus positif)
Cet aspect anti-establishment fomente depuis un moment chez les Républicains. On l’a vu avec le Tea Party.
D’autres aiment le discours « America first » de Trump. Et certains conservateurs en ont assez que les US (Républicains en premiers) donne autant de ressources à l’étranger sans penser à ses propres intérêts – le discours de Trump sur la nécessité des membres de l’OTAN de plus contribuer a fait mouche.
Deux articles complémentaires qui montrent que certains ont déjà compris (contrairement aux médias US qui insistent sur les chances d’Hillary…) :
http://qz.com/737452/why-trump-voters-are-not-complete-idiots-a-photo-essay/
http://michaelmoore.com/trumpwillwin/