Les médias en parlent continuellement, mais, hélas, pour n’en dire que des choses assez pauvres : ce type est terrible, c’est le pire président américain et ainsi de suite…
Essayons de dépasser cela et de voir pourquoi Trump se conduit ainsi. Attention, il ne s’agit pas de le justifier ou d’affirmer qu’il s’agit d’un excellent président des USA (Trump est simplement représentatif de son époque et de ce qu’est devenu son pays, rien de plus et, oui, c’est bien triste).
J’ai donc préparé cette petite vidéo afin de vous présenter mon opinion sur la question…
En plus de cette vidéo, j’aimerais préciser un point important qui est abordé dans ce montage : l’état de l’économie américaine.
Certains peuvent trouver choquant de m’entendre affirmer que l’économie US est peu compétitive et incapable de combler le déficit commercial américain (et c’est pourtant le cas depuis de nombreuses années !). Les plus âgés se souviennent de General Electric, IBM et General Motors qui étaient effectivement des géants à leurs époques, mais qu’en reste-t-il ?
IBM n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était (et c’est mérité, voir ici et là). GM est passée tout près de la faillite en 2008/2009 et c’est l’administration Obama qui l’a sauvé. Aujourd’hui, GM semble aller mieux, mais je demande à voir sur le long terme (même pas, reparlons-en dans quatre ans !). Quant à General Electric, ça reste encore un fleuron de l’industrie américaine même si elle est plutôt en mode retrait qu’en mode conquête (voir à https://fr.wikipedia.org/wiki/General_Electric#Recentrage_sur_les_activit%C3%A9s_industrielles). Pour les plus jeunes, la puissance américaine s’incarne fièrement à travers les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) plus quelques brillantes pépites comme Tesla, Uber et autres. Mais la réalité est bien moins reluisante que les apparences. Il suffit de creuser un peu sous la surface pour s’apercevoir que l’industrie américaine dépend complètement de ses sous-traitants d’Asie du Sud-est (que deviendrait Apple sans Samsung ?). Intel est le dernier (des grands) fournisseur de composants qui fabrique encore aux USA (et encore : trois usines aux USA et six ailleurs dans le monde !).
Notre focalisation sur les performances et les annonces des GAFAM est typiquement occidentale. Nous ne nous rendons pas compte que, pendant ce temps, les entreprises chinoises sont en train de grandir à vitesse grand V alors qu’elles ne nous sont presque pas connues (l’équivalent des GAFAM chinois c’est les BATX). Pourtant, Tencent est déjà le numéro un du jeu vidéo (hé oui !). Attention, je ne suis pas en train de faire une fixation sur les Chinois à la manière des Américains qui adorent se désigner un ennemi. D’autant que la leçon du Japon est là pour nous rappeler que « tout ce qui brille n’est pas or » et que la croissance chinoise pourrait se révéler fragile (dans les années quatre-vingt, on annonçait déjà que l’industrie japonaise -alors en plein boom- allait dominer le monde sous peu… On sait ce qu’il advint -effondrement au début des années quatre-vingt-dix-, mais le Japon est tout de même resté un géant économique).
Bref, l’économie américaine est en mauvais état et peine à rester compétitive sur la plupart des secteurs avec une exception : la vente d’armes (petites et grosses !).
Lookheed Martin (spécialisée dans l’armement, justement) est moins connue que Boeing, mais bien plus profitable (même niveau de profits avec moitié moins de chiffre d’affaires !).
Tout cela explique pourquoi Trump fait du Clinton (Bill, pas Hillary) quand ce dernier disait et répétait « it’s the economy, stupid« . Trump est cohérent, mais ça ne le rend pas sympathique pour autant…
Trump a été élu sur un programme d’un certain côté très similaire à celui d’Obama: la promesse du changement. Il a été voir les industries laissées pour compte (les mineurs, la sidérurgie) et leur a promis monts et merveilles. Ses promesses peuvent paraîtrent illusoires, mais comparé au message des autres candidats (républicains comme démocrates) il a redonné un espoir, tant futile soit-il.
Son mode d’opération est cependant différent d’Obama. C’est un populiste, et comme tout populiste, il lui faut un ennemi (idéalement étranger) qui sera désigné comme la cause de tous les maux: les mexicains, NAFTA, les pays étrangers qui arnaquent l’Amérique, etc. Il suffit de vaincre ces ennemis et tout ira bien.
Boris Johnson a utilisé la même méthode en Angleterre pour faire passer le Brexit. L’Union Européenne est la cause de tous les maux du Royaume Uni, assez de payer pour l’Europe. Quittons l’UE et tout ira mieux.
Pour le moment, il semble que Trump ait eu un peu plus de succès que Boris Johnson mais gardons-nous de juger trop vite, ces affaires-là ne se jugent bien qu’avec le recul…