Questions fréquentes…

Une FAQ est une forme pratique d’auto-interview !

J’ai donc rédigé celle-ci sur « Perdu dans le temps » afin de pouvoir raconter « les à-côtés » de l’ouvrage. Je n’ai pas écrit ce livre sans intentions et j’aurais bien voulu proposer également une sorte de « making of » parallèle au récit. Expliquant tout au long du récit pourquoi Vincent avait telle attitude, pourquoi j’avais ajouté tel détail dans le décor et ainsi de suite.

J’imagine que tous les auteurs ont plus ou moins le même type de désir et pourtant, on voit rarement ce volet « making of » dans les livres alors que cela devient courant dans les DVD… En attendant que ce soit à la mode, je me contenterai de cette FAQ. J’espère qu’elle vous contentera aussi !

# Quelle est la genèse de cet ouvrage ?

J’avais cette histoire en moi depuis pas mal d’années, depuis le début des années quatre-vingt-dix en fait. J’ai toujours su que je l’écrirais.

Dans un premier temps, je me suis contenté d’en discuter avec mes amis, de les tester sur le thème « et si je te disais que je viens d’un autre temps et que j’ai besoin de ton aide, comment réagirais-tu ? ». Ces « premiers tests » m’ont permis de me convaincre que la principale difficulté de mon héros serait de résoudre les problèmes pratiques que ne manqueraient pas d’occasionner ces séjours dans les différentes époques…

Initialement, j’ai essayé de vendre cette histoire à Infonie en 1996 et notre précontrat prévoyait de diffuser l’histoire progressivement, via des épisodes donc. Il était même prévu que l’histoire puisse se décliner toujours autour du même thème, un peu comme les anciennes séries américaines des années soixante-dix, genre « Le fugitif » ou « Les envahisseurs ». Où il est dit que le héros doit lutter contre un monde incrédule pour le convaincre que le cauchemar a déjà commencé !

La négociation avec Infonie a fait long feu mais cette période m’a été utile : cela m’a permis de définir un script, un thème récurrent, une fin qui explique tout, etc.

# Le fait de le diffuser au fur et à mesure par Internet a-t-il aidé à sa réalisation (sur le site alain-lefebvre.com, de 1998 à 2002) ?

Oui, certainement. Je n’ai pas obtenu beaucoup de lecteurs par ce biais mais le petit cercle qui s’est formé autour de cette histoire était motivé et réactif.

Le feedback que j’ai obtenu ainsi a été riche d’enseignements, il m’a permis de comprendre que j’étais sur la bonne voie. Or, quand on rédige, on a besoin d’encouragements !

Je dois avouer que je n’étais pas certain d’être capable de rédiger un livre de fiction, un genre tout à fait nouveau pour moi… Donc, les encouragements n’étaient pas seulement un bonus mais bien une nécessité !

J’ai également reçu quelques demandes, quelques suggestions, rien de très important mais, dans mon contexte, tout était utile.

# Quelles ont été les réactions des lecteurs ?

Par chance, je n’ai reçu que des réactions positives (sans doute parce que ceux qui n’ont pas apprécié cette histoire ne se sont pas donné la peine de m’envoyer un email pour simplement me dire « c’est nul ! » et tant mieux !). J’ai quelquefois reçu des messages très détaillés où les divers clins d’œil que j’avais mis dans mon récit (sur telle ou telle époque, tel ou tel événement) avaient été pleinement perçus et même au-delà de ce que j’aurais pu espérer !

Il est même assez surprenant de voir combien certains lecteurs sont capables de percevoir le moindre de vos sous-entendus, voire d’en inventer !

Mon attention en rédigeant cette histoire, il était avant tout question de provoquer la réflexion suivante dans la tête du lecteur : qu’est-ce que je ferais à sa place (à la place de Vincent).

Et, ce qui a été pour moi le plus gratifiant, c’est quand j’ai reçu des messages qui me confirmaient que cette réaction avait bien eu lieu…

# Avez-vous rédigé cette histoire selon un plan pré-établi ou au gré de l’inspiration ?

Au départ, j’avais un plan assez complet que je pensais pouvoir suivre à la lettre, épisode par épisode. Et puis, finalement, certains épisodes se sont presque « écrits tout seuls » (aussi bien pour le tome 1 que pour le tome 2) à ma grande surprise en apportant des éléments au récit que je n’avais ni prévus ni imaginés. Il ne s’agissait même plus de la vague d’inspiration créatrice qui fait que vous vous mettez au travail un beau matin avec une idée nouvelle et précise. Là, j’ai été le premier surpris par ce qui s’est passé, par le déroulement inattendu qui s’est imposé à moi sans que je puisse « reprendre le contrôle » !

Mais, finalement, j’ai accepté ces « incidents de parcours » avec gratitude car ils ont donné une couleur à l’histoire qui aurait sûrement manqué sans cela.

# Avez-vous eu d’autres surprises au court de ce récit ?

Oui. Je n’avais vraiment pas prévu d’intégrer une dimension « rencontres amoureuses » dans l’histoire (surtout dans le tome 1, dimension quasi absente du tome 2…). Je peux même dire que cela faisait partie des poncifs que je comptais bien éviter !

Mais, les rencontres de Vincent se sont imposées progressivement et je les ai acceptées. Heureusement, ces « invitées surprises » ne sont pas « à l’eau de rose » !

Un peu de « romantisme », OK, mais il fallait que cela reste dans le ton général. Finalement, je trouve que c’est avec Hélène que la dimension émotionnelle est la mieux réussie, en dehors de certains aspects de la rencontre entre les deux Vincent.

# Êtes-vous satisfait du résultat au bout du compte ?

Honnêtement, oui. Je suis même ravi pour plusieurs raisons :

1. j’ai abouti dans mon besoin de cristalliser ce désir qui était en moi depuis des années : écrire une histoire de fiction portant sur le voyage dans le temps (encore que, c’est loin d’être complètement terminé puisque je travaille toujours sur le tome 3 actuellement !).

2. il y a dans cette histoire à peu près tout ce que je voulais y mettre initialement (bon, il en manque quand même un peu mais, soyons raisonnables, c’est déjà pas mal !).

3. à chaque fois que j’ai relu cet ouvrage (et cela fait un bon nombre de fois !), je n’ai jamais pensé « c’est nul, je n’ai pas atteint mon objectif ». Au contraire, je me suis surpris à apprécier le déroulement, j’ai été surpris de ne jamais m’ennuyer quand j’ai eu à relire « Perdu dans le temps » encore et encore (ne serait-ce que pour les corrections -il y en a eu de nombreuses, même s’il en reste encore à faire !- ou pour me remettre des détails en tête afin de garder la cohérence, j’ai relu cette histoire bien des fois…).

Attention, je ne suis pas en train de dire « bon sang, qu’est-ce que c’est bon, qu’est-ce que je suis génial » !

Simplement, j’ai pris mes sensations positives comme un bon signe. Cependant, j’ai bien conscience que cette histoire présente aussi beaucoup de faiblesses : en premier lieu, le démarrage est lent (cette remarque concerne surtout le tome 1). En second, le personnage de Vincent n’est pas très sympathique au début ce qui peut rebuter. Enfin, l’histoire s’améliore au fil des épisodes (ce qui est bien) mais cela implique aussi qu’on demande au lecteur de s’investir un certain temps avant d’être « payé de retour », ce qui est toujours un peu risqué pour une fiction… On peut aussi reprocher un côté un peu répétitif à l’intrigue, surtout au milieu.

# Avez-vous essayé de corriger les défauts de votre récit : le démarrage un peu lent du tome 1, le style qui s’améliore seulement au fur et à mesure ?

Non et pour deux raisons : d’abord je me suis concentré sur l’avancement de l’histoire. J’étais bien plus motivé par rédiger de nouveaux épisodes plutôt que de réécrire ceux qui étaient déjà faits. Ensuite, je n’ai pas réussi à remodeler l’épisode un après coup alors que j’ai tout de même essayé, comme si une espèce de rigidité s’était glissée dans le récit…

Enfin, même si ce n’est pas une excuse, c’est mon premier ouvrage de fiction et je me considérais encore « en formation », appliquant le bon vieux principe « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ! ».

# Le personnage central, Vincent Tria, affiche un comportement un peu surprenant pour un « héros » dans le tome 1 : il est craintif, il se plaint tout le temps, il ne sait jamais comment s’y prendre, il se fait une montagne du moindre problème et ainsi de suite… Pourquoi avoir choisi de dépeindre une attitude aussi peu reluisante ?

C’est vrai que Vincent est très antihéros lors des premiers épisodes mais c’est délibéré : je ne crois pas qu’un homme ordinaire (et, souvenons-nous que le contexte de Vincent est assez gris, rien ne nous indique qu’il ait l’étoffe des héros !) puisse brusquement se révéler quand il est submergé par une histoire extraordinaire. Et c’est bien un événement tout à fait hors du commun qui lui tombe sur la tête : être rejeté de son présent par un voyage dans le temps qui tourne mal !

Alors que Vincent rêvait d’aventures pendant qu’il se morfondait dans sa grisaille, voilà qu’il n’aspire plus qu’à y retourner quand il est enfin servi côté aventures… À mon avis, c’est un paradoxe de comportement qui est très courant. La plupart des gens obtiennent ce qu’ils demandent, pas ce qu’ils souhaitent parce que, dans leur immense majorité, ils ne savent pas ce qu’ils veulent vraiment. Vincent n’est pas différent de la masse et c’est pourquoi il affiche une attitude aussi « décevante » dans la première partie du récit. Mais, là où cela devient intéressant, c’est qu’il va s’améliorer au fil du tome 1, le voyage va le transformer, l’alchimie va s’opérer progressivement et le personnage mute jusqu’à pouvoir endosser une mission rocambolesque dans le passé…

Et puis, il est juste aussi de souligner que Vincent est tout à fait différent dans le tome 2 où il a enfin acquis une certaine assurance (et c’est alors Simon qui endosse le costume du craintif/plaintif)…

# Cette histoire est-elle autobiographique ?

Certainement pas dans la mesure où, j’ai beau ouvrir le tiroir de mon bureau chaque matin, je n’y ai toujours pas trouvé de tempo-translateur !

Sérieusement, il est évident que le décor dans lequel évolue Vincent est emprunté à des expériences que j’ai vécues, ainsi que certains des personnages qu’il rencontre mais le parallèle se limite à ça. Cependant, je dois avouer que j’aurais bien aimé vivre la même aventure que lui, j’aurais même donné gros pour cela !

# Les autres personnages (Hélène, André, Laurence, Simon, Abel, etc.), ont-ils existé ou sont-ils pure invention ?

À part quelques personnages vraiment imaginaires comme l’agent de TransContinum ou Don Vesco, tous les autres ont existé mais je n’ai pas forcément utilisé leurs véritables prénoms. Tous, je les ai rencontrés dans des circonstances plus ou moins similaires (le voyage dans le temps en moins !) aux contextes utilisés dans le récit. D’ailleurs, les inclure dans mon histoire était aussi une façon de passer à nouveau un moment avec chacun d’eux…

# Avez-vous fait des recherches pour documenter votre récit ?

Oui, j’ai essayé de respecter les détails d’environnement propre à chaque époque et de retrouver les actualités précises des époques traversées. J’ai même introduit quelques erreurs et approximations dans les résumés d’actualité que dressent Hélène et Eric à Vincent car je n’imagine pas que dans la même situation je serais capable de dresser un panorama historique absolument exact sans la moindre erreur sur les dates (vous souvenez-vous du mois et de l’année de la catastrophe de Tchernobyl ?).

Ce sont les chapitres du tome 1 qui se déroulent en 1932 qui m’ont demandé le plus de travail : j’ai passé des heures au Musée des Années Trente (à Boulogne-Billancourt), j’ai lu tout ce que je trouvais sur Tamara de Lempicka et je suis même allé faire des « repérages » sur les lieux (rue Méchain) !

D’un autre côté, cet aspect de l’écriture m’a bien plu : en m’investissant ainsi dans les détails du récit, c’est comme si, peu à peu, l’histoire prenait corps, prenait une dimension, une réalité qu’elle n’avait pas au début. Pour les derniers chapitres du tome 1, cet aspect « schizophrène » s’est encore plus développé et les soucis de Vincent m’habitaient presque en permanence, m’obligeant à réfléchir quotidiennement sur la meilleure façon d’aborder tel ou tel problème, non pas simplement pour pouvoir l’écrire, mais bien comme si j’étais en train de le vivre !

# Pourquoi n’être pas allé plus loin que 2015 dans le futur (dans le tome 1) ?

Initialement j’avais effectivement prévu d’aller jusqu’en 2025 mais, en respectant un pas de cinq ans, cela aurait allongé inutilement le récit du tome 1. De plus, je me suis aperçu que ce n’était vraiment pas facile de décrire le futur sans partir dans des délires peu crédibles.

J’ai préféré me limiter à des époques relativement proches où, somme toute, les changements sont peu importants.

# Pourquoi n’être pas allé plus loin que 1932 dans le passé (dans le tome 1) ?

J’aurais bien aimé envoyé Vincent à l’époque de la Grèce Antique mais Don Vesco était plus intéressé par un tableau de Tamara que par la Vénus de Milo !

Sérieusement, vu l’effort qu’il faut faire pour donner un aperçu « réaliste » de 1932 (une époque pas si lointaine finalement), j’attendais d’être prêt avant d’aller plus loin… Et c’est ce que j’ai pu faire avec le tome 2 !

Là, Vincent et Simon vont jusqu’en 1799… C’est déjà bien plus éloigné que notre époque moderne, n’est-ce pas ?

Mais ils n’y vont pas pour faire du tourisme donc, j’ai limité les descriptions de contextes pour me concentrer sur l’action… C’est plus facile ainsi !

# Quand Vincent découvre la machine au début du tome 1, il comprend tout de suite ce que c’est… Ce n’est pas un peu rapide comme déclic ?

On peut le penser, oui. Mais c’est oublier que, au plus profond de lui, Vincent attend un événement de ce type !

Quand celui-ci survient, il est tout à fait prêt à y croire, il est dans la disposition d’esprit qu’il faut pour cela. Ce n’est pas si étonnant : combien connaissez-vous de personnes qui, ainsi, attendent secrètement qu’un « miracle » se produise dans leur vie, même si cette attente n’est pas du tout rationnelle ?

Pour Vincent, ce miracle, c’est cette machine. C’est pourquoi il « percute » immédiatement.

# Le thème du voyage dans le temps est forcément articulé autour d’un paradoxe dû au voyage temporel lui-même, habituellement… Avez-vous échappé à cette obligation ?

Oui et non. De par le modèle d’univers que j’ai choisi (basé sur la théorie des pluri-univers, une théorie bien réelle), les paradoxes qu’on retrouve habituellement dans les récits de voyages temporels n’ont pas cours.

Je suis moi-même amateur de littérature de science-fiction et, durant des années, j’ai lu tout ce que je pouvais trouver sur le voyage dans le temps et j’étais déterminé à trouver un biais pour éviter ces paradoxes qui, selon moi, encombrent inutilement la plupart des récits.

Ceci dit, je me suis quand même fait rattraper par ces fameux paradoxes car on peut encore et toujours se poser la question « mais d’où vient la machine finalement ? »… Mais c’est justement avec le tome 2 que je commence à dévoiler le vrai contexte de toute cette saga !

Bien entendu, ce dévoilement va encore s’accentuer dans le tome III et le suivant.

# Dans le tome 1, le récit est à la première personne mais pas dans le tome 2… Pourquoi ce changement de style dans la saga ?

Dans le tome 1, c’est Vincent qui raconte son histoire pour ne pas l’oublier alors que, dans le tome 2, le contexte est complètement différent et avec deux lignes narratives parallèles… Le récit à la première personne n’était donc pas applicable !

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