Si on veut être crédible dans ses critiques sur un sujet, il faut au moins respecter deux règles : 1- être honnête (et non pas « être objectif » car ça, l’objectivité, personne n’y parvient !), 2- faire ses devoirs et apprendre ses leçons… car, oui, être compétent sur un domaine devrait être un préalable avant de pouvoir en parler !
Donc, même si je dis et je répète que la vague actuelle de l’IA générative est une bulle hystérique et que, une fois la bulle éclatée, on n’en parlera presque plus, je veux rester honnête et quand je trouve quelque chose de « valable », je me dois de le dire…
Ce préambule pour dire que lors de mes nombreux tests, j’ai été plus souvent déçu qu’époustouflé mais qu’il y a quand même un cas que je souhaite mettre en avant : Gemini de Google.
Si vous fréquentez ce blog, vous savez combien je suis devenu critique (pour ne pas dire plus) vis-à-vis de Google et de son comportement. On ne peut donc pas me soupçonner de favoritisme avec Google/Alphabet… Ceci étant dit, j’ai été surpris de la qualité et de la cohérence des réponses que j’ai obtenu de la part de Gemini lors de mes récents test.
Pour vous permettre d’en juger, j’ai reproduit ci-dessous mes questions et les réponses obtenues. Je précise que je n’ai posé que des questions dont je connaissais les réponses afin de juger de la pertinence de Gemini face aux problèmes posés (en effet, ces systèmes ont l’habitude de répondre ce qui leur parait probable que ce soit factuellement exacte ou pas…).
============= dialogue avec Gemini ============
Ma première question => quelle est la différence entre doctrinal et dogmatique ?
La réponse de Gemini :
Doctrinal vs. Dogmatique : Une Distinction Subtile
Doctrinal et dogmatique sont deux termes souvent utilisés dans des contextes religieux ou philosophiques, et ils peuvent sembler synonymes au premier abord. Cependant, ils comportent des nuances importantes.
Dogmatique
- Définition: Un dogme est une croyance fondamentale, une vérité incontestable qui sert de base à un système de croyance. Il est généralement considéré comme révélé par une autorité divine ou établi par une institution.
- Caractéristiques:
- Infaillibilité: Un dogme est souvent présenté comme infaillible et ne pouvant être remis en question.
- Fondamental: Il constitue le fondement d’une doctrine ou d’une religion.
- Autoritaire: Les dogmes sont souvent imposés par une autorité supérieure.
Doctrinal
- Définition: Une doctrine est un ensemble d’enseignements, de principes ou de croyances qui découlent d’un dogme ou d’un ensemble de dogmes.
- Caractéristiques:
- Développement: Les doctrines peuvent évoluer et se développer au fil du temps, en s’appuyant sur les dogmes fondamentaux.
- Interprétation: Les doctrines peuvent faire l’objet d’interprétations différentes, même si elles reposent sur les mêmes dogmes.
- Application: Les doctrines servent à guider la vie et les pratiques des croyants.
En résumé
- Dogme: Vérité fondamentale, infaillible et révélée.
- Doctrine: Ensemble d’enseignements qui découlent des dogmes.
Analogie: On peut comparer un dogme à une racine et une doctrine à une branche. La racine (dogme) est la source de vie de l’arbre (doctrine), mais les branches peuvent prendre différentes formes et tailles.
Exemple: Dans le christianisme, la Trinité est un dogme : Dieu est à la fois Père, Fils et Saint-Esprit. Les doctrines sur la nature de Jésus, sur le salut, etc., sont des développements de ce dogme fondamental.
En conclusion, bien que les termes doctrinal et dogmatique soient liés, ils ne sont pas synonymes. Le dogme est plus fondamental et absolu, tandis que la doctrine est plus développée et peut faire l’objet d’interprétations.
Ma seconde question => quelle est la définition originelle de bolchevique ?
La réponse de Gemini :
La définition originelle de « bolchevique »Bolchevique est un terme issu du russe qui, à l’origine, désignait simplement la majorité d’un vote lors d’un congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) en 1903.
Une majorité qui a pris le pouvoir
- Un schisme au sein du parti: Lors de ce congrès, deux tendances principales s’affrontèrent : les bolcheviks, menés par Lénine, et les mencheviks, menés par Martov. Le point de discorde était principalement la question de l’organisation du parti et de sa stratégie révolutionnaire.
- Une vision plus radicale: Les bolcheviks prônaient une organisation du parti plus centralisée et une révolution prolétarienne immédiate, tandis que les mencheviks optaient pour une approche plus graduelle et une alliance avec les autres partis d’opposition.
Ainsi, à l’origine, le terme « bolchevique » ne portait pas en lui les connotations politiques et idéologiques qu’il a acquises par la suite.
L’évolution du terme
Avec la prise du pouvoir par les bolcheviks en Russie en 1917, le terme a pris une toute autre dimension. Il est devenu synonyme :
- D’une idéologie révolutionnaire: Le bolchevisme est devenu une idéologie politique fondée sur les principes du marxisme-léninisme, prônant la dictature du prolétariat et la construction d’une société communiste.
- D’un mouvement politique: Les bolcheviks sont devenus le parti unique dirigeant l’URSS, mettant en œuvre une politique de collectivisation des terres, d’industrialisation rapide et de répression politique.
En résumé, le terme « bolchevique » a connu une évolution sémantique importante au cours du XXe siècle. D’une simple désignation d’une majorité lors d’un vote, il est devenu synonyme d’un mouvement révolutionnaire et d’une idéologie politique qui a marqué l’histoire mondiale.
Ma troisième question => dans quelles circonstances le célèbre économiste Keynes aurait dit « à long terme, nous sommes tous morts » ?
La réponse de Gemini :
La célèbre phrase de Keynes : un contexte précis
John Maynard Keynes, figure majeure de l’économie du XXème siècle, est souvent cité pour cette phrase provocante : « À long terme, nous sommes tous morts ». Cette affirmation, bien qu’apparentement pessimiste, est en réalité un argument en faveur d’une action économique immédiate.
Pourquoi Keynes a-t-il prononcé cette phrase ?
- Critique des politiques économiques à long terme: Keynes s’opposait à l’orthodoxie économique de son époque, qui privilégiait une approche à long terme et des mécanismes d’autorégulation du marché. Il estimait que cette vision était trop abstraite et ne tenait pas compte de la souffrance humaine causée par les crises économiques.
- Urgence d’agir face aux crises: Pour Keynes, l’urgence de la situation économique exigeait des mesures immédiates de relance. Il soulignait que les politiques économiques à long terme étaient certes importantes, mais qu’elles ne pouvaient pas résoudre les problèmes du présent.
- La nécessité de l’intervention de l’État: Cette phrase était donc un appel à l’action politique et à l’intervention de l’État dans l’économie pour stimuler la demande et sortir de la crise.
Les implications de cette phrase
Cette affirmation de Keynes a eu un impact considérable sur la pensée économique et a contribué à légitimer l’interventionnisme de l’État dans l’économie. Elle est souvent invoquée pour justifier des politiques économiques à court terme, même si elles peuvent avoir des conséquences à long terme.
En résumé
La phrase « À long terme, nous sommes tous morts » est un condensé de la pensée de Keynes. Elle exprime son impatience face à l’inaction des pouvoirs publics face aux crises économiques et souligne l’importance d’agir dans l’immédiat pour améliorer les conditions de vie des populations.
============== fin de l’échange avec Gemini ===========
Comme vous pouvez en juger, la qualité des réponses est tout à fait acceptable, plutôt bonne même. Est-ce pour autant qu’on soit tenu de crier à la « révolution technique » ou de redouter que les IA vont dominer le monde à brève échéance tout en nous transformant en esclaves hébétés ?
Non, sûrement pas. Surtout que « nous transformer en esclaves hébétés », c’est déjà fait pour de nombreuses personnes… et il n’y a pas eu besoin des IA pour cela !
Je crois plutôt que cette vague submergeante des IA génératives va finir par prendre sa vraie dimension qui ressemblera plus à une vaguelette. En effet, avec le recul que j’essaye d’avoir sur l’évolution des techniques en général et sur l’évolution de l’informatique en particulier, cette soit-disant révolution technique est comme la montagne qui accouche d’une souris : les IA génératives vont trouver leur place dans l’arsenal des moyens à notre disposition pour les recherches sur Internet un peu à la manière des correcteurs orthographiques pour les traitements de texte : un complément utile mais pas la révolution annoncée.