Sepang MotoGP : une tentative d’analyse

Pas besoin de revenir sur les faits : Rossi a fait tomber Marquez et a été pénalisé. Le torrent habituel des fans et des trolls coule furieusement sur Internet, chacun croyant détenir la vérité et s’exprimant avec l’éloquence d’un goret.

Mais, justement, revenons sur les faits… De quoi pouvons-nous être sûrs ?
J’ai regardé les images télévisées encore et encore et, j’avoue, je ne suis pas vraiment sûr de comprendre ce que je vois : Marquez tombe, c’est certain, mais est-ce vraiment à cause d’un geste délibéré de Rossi ?

Il ne s’agit pas ici d’exempter Rossi de toutes fautes. Même ce grand champion a sa part d’ombre, comme tous. Il ne s’agit pas non plus d’accréditer la théorie comme quoi Marquez « roule » pour Lorenzo. Ces deux-là ne s’apprécient pas tant que cela (voir le dernier virage du GP de Jerez en 2013…) et je doute que Marquez ait pu être vraiment décidé à « aider » Lorenzo dans sa conquête d’un nouveau titre.

Cependant, il serait naïf d’écarter que Marquez ai décidé de « jouer sale » avec Rossi, ne serait-ce que pour éprouver sa capacité à exceller dans le « mind game » comme Vale. D’autant que le personnage est réputé pour son comportement « musclé » en piste (et pas souvent sanctionné, faut-il le rappeler ?).

Encore une fois, ça n’excuse pas le comportement de Rossi mais, au moins, ça l’explique en partie. En sport mécanique, ce type d’incident n’est pas si rare, il suffit de regarder l’histoire : que ce soit Read sur Lansivuori à Imatra en 1973 ou Spencer sur Roberts à Anderstop en 1983, quand le titre est en jeu, c’est rare que cela finisse aussi proprement que Bayliss contre Edwards à Imola en 2002…

Sans compter le geste de Senna sur Prost à Suzuka en 1990 (clairement avoué par Senna à Suzuka mais en 1991) ou celui de Schumacher sur Damon Hill à Adelaïde en 1994. Le même Schumacher a finalement été puni à Jerez en 1997 quand il joua encore une fois musclé contre Jacques Villeneuve (et la punition fut sévère sans doute parce qu’il n’avait pas été puni à Adélaïde en 1994…).

Mais c’est l’occasion de nous poser une autre question, importante aussi : veut-on vraiment que le MotoGP soit réglementé dans tous les sens comme la F1 d’aujourd’hui ?

Veut-on vraiment que tous les top pilotes se mettent à ressembler à Pedrosa à qui, justement, on reproche son manque d’agressivité (encore que, il semble que l’on voit naitre un « nouveau Pedrosa » en ce moment…) ?

Les champions, les grands champions sont tous de mauvais perdants; certains savent mieux le dissimuler que d’autres et c’est tout. Comme le disait si bien John Wyer « we have no time for good losers »…

Selon moi, cet incident est certes regrettable, mais ce n’est pas la fin du monde : le championnat n’est pas encore joué, il peut se passer beaucoup de choses et Rossi a encore sa chance (même si ça ne va rien arranger de partir du fond de grille !).

Si vous voulez un article qui résume tout avec une position équilibrée et aussi objective que possible, je vous recommande l’excellent blog Motomatters (en anglais of course) à https://motomatters.com/analysis/2015/10/27/2015_sepang_motogp_round_up_heroes_who_h.html, sans conteste une des meilleures sources disponibles sur le net (et je suis heureux et fier de le supporter, modestement).

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Une réponse à Sepang MotoGP : une tentative d’analyse

  1. alefebvre dit :

    Il n’y a pas que des sources en anglais qui sont valables, l’article « le dimanche de la honte » sur Sport Bikes n’est pas mal non plus, voir à http://www.sport-bikes.fr/motogp—point-de-vue—le-dimanche-de-la-honte-_a11163.html

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