Hier soir, sur Arte, il y avait un documentaire tout à fait intéressant : Mâles en péril
Un documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (ARTE France/Point du Jour, 2008)
Féminisation de la nature d’un côté, diminution du nombre de spermatozoïdes chez l’homme de l’autre. Dans « Mâles en péril », le documentaire qu’ils ont réalisé, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade livrent une enquête édifiante sur ces phénomènes inquiétants. Une véritable investigation scientifique qui met au jour de bien troublantes questions…
Et c’était très bien fait, convaincant, effrayant même.
Mais, même si le sujet est grave, le plus important n’était pas dans la menace sur la fertilité… Le message était plus subtil. Il s’agissait surtout d’habituer les masses au fait qu’elles vivent désormais dans un monde empoisonné et que, forcément, ce n’est pas sans conséquences (il y a toujours un prix à payer n’est-ce pas ?).
Ce n’est pas la première fois qu’on a ainsi droit à un documentaire plein de révélations stupéfiantes. Et ceux qui autorisent (et même favorisent) la publication/diffusion de ces révélations savent très bien ce qu’ils font : ils n’ont nullement à craindre un soulévement des peuples outrés par le traitement inique qui leur est fait !
Non, une révolte (justifiée) n’est pas plus à redouter qu’une révolution de type « grand soir » car les seules choses qui préoccupent les masses sont :
– qu’est-ce qui y a ce soir à la télé (sauf sur Arte, of course !) ?
– a-t-on encore un peu d’argent pour s’acheter des fringues « à la mode » lors des prochaines soldes ou pour partir en vacances de ski (désormais quasi-obligatoires) ?
Et cet abrutissement -volontaire !- est la norme depuis une vingtaine d’année. Mais, les penseurs de la techno-structure n’oublient pas la nécessité de distiller la vérité par petites gouttes de temps en temps, comme un médicament homéopatique : un documentaire sur une chaine de faible écoute tous les six mois, ça suffira largement pour diffuser la terrible vérité. C’est le principe de la grenouille et de l’eau bouillante :
« quand on jette une grenouille dans l’eau bouillante elle saute de la casserolle d’un bond, si on met la grenouille dans l’eau froide et qu’on allume le feu dessous la casserolle elle y reste jusqu’à ce qu’elle cuise ».
Dormez tranquilles braves gens…
histoire de grenouille
Imaginez une marmite remplie d’eau froide, dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite. L’eau se chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continue de nager. La température commence à grimper. L’eau est chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille ; ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est maintenant vraiment chaude. La grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle est aussi affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température de l’eau va ainsi monter jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir, sans jamais s’être extraite de la marmite.
Plongée dans une marmite à 50°, la grenouille donnerait immédiatement un coup de pattes salutaire et se retrouverait dehors.
Cette expérience (que je ne recommande pas) est riche d’enseignements. Elle montre que lorsqu’un changement négatif s’effectue de manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite la plupart du temps pas de réaction, pas d’opposition, pas de révolte.
C’est exactement ce qui se produit dans la société où nous vivons. D’année en année, on observe une constante dégradation des valeurs, laquelle s’effectue cependant assez lentement pour que personne – ou presque – ne s’en offusque. Pourtant, comme la grenouille que l’on plonge brusquement dans de l’eau à 50°, il suffirait de prendre le Français moyen du début des années 80 et, par exemple, de lui faire regarder la TV d’aujourd’hui ou lire les journaux actuels pour observer de sa part une réaction certaine de stupéfaction et d’incrédulité. Il peinerait à croire que l’on puisse un jour écrire des articles aussi médiocres dans le fond et irrespectueux dans la forme que ceux que nous trouvons normal de lire aujourd’hui, ou que puissent passer à l’écran le genre d’émissions débiles qu’on nous propose quotidiennement. L’augmentation de la vulgarité et de la grossièreté, l’évanouissement des repères et de la moralité, la relativisation de l’éthique, se sont effectués de telle façon – au ralenti – que bien peu l’ont remarqué ou dénoncé.
exactement Dormez tranquilles braves gens…