Voici une nouvelle que je viens d’écrire entre deux correction du tome 2 de PMC. Faut jamais laisser passer un flux d’inspiration, n’est-ce pas ?
Donc, je vous laisse apprécier cela (ou non !) tel que c’est (première version, tout juste corrigé vite fait) :
Nouvelle : le patient N° 115
Asile du parc, section gériatrie
– Hey chef, le patient de la chambre 115 m’a remis une lettre… Qu’est-ce qu’on fait dans ces cas-là déjà ?
– T’es nouveau ici, pas vrai ?
Les courriers des patients passent toujours par la voie hiérarchique… n’oublie jamais ça mon gars ou tu resteras pas longtemps ici !
Encore plus dans le cas du 115, je le connais bien celui-là…
– C’est-à-dire que, quand il m’a confié ce courrier, il avait l’air tout à fait normal, un peu inquiet, voire parano, mais normal… je veux dire, pas complètement toqué comme beaucoup ici quoi.
– Ouais, je connais l’animal. Il a l’air normal, mais, crois-moi, il est encore plus secoué que tous les autres, hélas.
– Pourtant, sa lettre montre qu’il a toute sa tête… car je me suis permis de la lire…
– Eh bien moi, sans même la lire, je peux te dire ce qu’il y a dedans !
– … ?
– Tiens, je peux presque te réciter cela par cœur : je cherche un homme de loi qui comprendra ma situation, je suis retenu dans cet asile contre mon gré, je suis prêt à me soumettre à des tests mentaux qui vont démontrer que je suis parfaitement sain d’esprit et ainsi de suite… pas vrai ?
– Oui, c’est cela, presque mot pour mot… Comment savez-vous ?
– Qu’est-ce que tu crois, je connais l’animal je te dis, c’est pas la première fois qu’il essaye de communiquer avec l’extérieur… Tous les nouveaux y ont droit, à cette fameuse lettre qui, effectivement, est très convaincante quand on la lit pour la première fois.
– Mais que veut-il dire à la fin quand il écrit « le médecin-chef sait la vérité, lui » ?
– Ah oui, c’est le passage le plus poignant « je sais qu’il sait, car il me regarde avec tristesse, il connait la vérité de ma condition »… C’est bien écrit en plus, hein !
– Il y a quelque chose de vrai là-dedans ou c’est du délire de A à Z ?
– Hum, je sais pas si je dois te raconter cela en fait…
– Allez chef, dites-moi tout, car je me sens coupable d’avoir trahi sa confiance, ça me soulagera de savoir qu’il est vraiment toqué.
– Bon, comme tu me prends par les sentiments, je vais te raconter cela. Tu te souviens du programme « Orange Mécanique » dont avaient parlé les médias il y a quelques années ?
– Heu, oui, vaguement…
– Je vais te rafraichir la mémoire : ce programme était destiné à vider les prisons des pires criminels en procédant sur eux une sorte de remise à zéro qui allait rendre ces ordures doux comme des agneaux…
– Ah oui, maintenant, je me souviens de cela même que ce nom, orange mécanique, était le surnom donné par les médias à ce qui était présenté comme une expérimentation prometteuse.
– Voilà, c’est pile ça. Le programme était expérimental et, comme sujet cobaye, ils ont justement choisi notre cher patient 115. Ce type avait un passé de tueur en série et, parait-il, il présentait le profil idéal pour cette expérience…
– Et alors ?
– Eh bien tu peux voir le résultat en direct !
La « remise à zéro » a tellement bien marché que le pauvre type n’avait plus aucun souvenir de qui il était et de ce qu’il avait fait… Une coquille vide quoi.
– Ah ouais, ça explique bien des choses…
– Comme tu dis. Évidemment, après ça le programme « Orange Mécanique » a été mis en veilleuse, le pauvre type interné chez nous et retour à la case prison pour tous les autres.
– Mais alors, et cette histoire de médecin-chef, quel rapport ?
– Ah ça, c’est la cerise sur le gâteau… Notre médecin-chef n’a pas toujours été un docteur échoué dans un asile minable, si tu vois ce que je veux dire…
– Oh, vous voulez dire que c’était lui qui a…
– Oui, parfaitement mon gars, le cerveau d’orange mécanique, la solution miracle qui a mal tournée, c’était lui !
On l’a affecté ici pour le cacher, étouffer le scandale et laisser les médias passer à autre chose… Voilà pourquoi il a un regard triste sur le patient 115.