Voilà un texte rédigé en 1999 pour la préface d’un livre sur PHP…
La décennie 90 est une des plus agitée de l’histoire de l’informatique : elle commence par l’explosion du client-serveur et se termine sur la généralisation du Web !
Dans ce tumulte, on a assisté à une prolifération inattendue des langages de programmation. Inattendue car la période précédente avait plutôt éteint les espoirs des challengers (tels que Pascal ou Smaltalk) de déloger Cobol et le C de leurs positions dominantes dans leurs domaines respectifs.
Passons rapidement sur les nombreux L4G (très peu ont survécu finalement) qui ont accompagné le mouvement client-serveur et revenons sur les premiers pas du Web. Il y a quelques années, les développeurs de sites Web interactifs n’avaient pas le choix, pour activer des traitements sur le serveur invoqués depuis une page HTML, il fallait passer par l’interface CGI. Toutefois, cette dernière vous laissait libre du langage à employer. Et, plutôt que le langage C, les concepteurs de sites se sont massivement rués sur PERL. En effet, ce langage, orienté production de rapports, était particulièrement à l’aise dans les manipulations de chaînes de caractères, plutôt pratique pour générer des pages HTML !
Le succès de PERL dans ce domaine a permis de contribuer à la reconnaissance du mouvement des logiciels à code source ouvert (ou logiciels libres) puisque ce langage fait partie intégrante de cette mouvance au même titre qu’Apache (le serveur HTTP le plus répandu sur le Net) ou Linux (qu’on ne présente plus !).
Le développement sur le Web ne s’est pas cantonné dans le recours à l’interface CGI, de nombreux serveurs d’applications sont apparus (la plupart reposant progressivement sur Java) et même PERL s’est affranchi de CGI grâce au module mod_perl qui lui permet d’être pris en charge par Apache pour de meilleures performances à l’exécution. Mais la situation n’a pas tourné au statut quo pour autant et le succès confirmé de PERL n’a pas empêché l’émergence d’un autre langage, lui aussi dans le cadre des logiciels libres, et cette fois véritablement spécialisé développement Web, PHP.
Une plaisanterie prétend que les lettres PHP signifient « People Hate Perl » (les gens détestent PERL !). La vérité c’est que le « préprocesseur hypertexte » prend une place laissée vacante : celle de langage dédié pour le Web.
Évidemment, il existe d’autres langages qui sont nés avec et exclusivement pour le Web tel que Cold Fusion mais il s’agit la plupart du temps de L4G commerciaux (Cold Fusion est la propriété de son éditeur Allaire corp.), PHP est le seul langage « libre » uniquement orienté Web et ce n’est pas rien. C’est de cette combinaison (spécialisation et développement collectif) que PHP tire tout son dynamisme.
Il n’est pas inutile de revenir sur le mécanisme de cercle vertueux qui donne aux logiciels libres un tel avantage sur les logiciels commerciaux mais permettez-moi d’abord une remarque : on n’a pas encore perçu toutes les conséquences de la lame de fond des OSS (Open Source Software) puisqu’elle remet aussi en question un des principes constatés dans le fonctionnement du marché des logiciels commerciaux, à savoir la règle « le vainqueur prend tout ».
Cette règle dévastatrice donne un avantage démesuré à l’éditeur du logiciel dominant sa catégorie puisque, effet de réseau aidant, son produit se retrouve assez rapidement en position de quasi-monopole (comme Microsoft Office sur la bureautique). La montée en puissance de PHP dans un secteur où PERL avait déjà un enracinement solide démontre que cette règle n’a pas cours avec le logiciel libre et c’est heureux !
Au moment où les entreprises découvrent à la fois les bénéfices du logiciel libre et la nécessité de tirer parti du Web pour son informatique et pour ses affaires, il n’est pas difficile de prédire à PHP un brillant avenir.